Orange sort du silence sur la vente de SFR et prône un retour à trois opérateurs en France
A l’heure où la vente de SFR se précise, Orange prend la parole publiquement. Le président du conseil d’administration, Jacques Aschenbroich, défend une consolidation du marché. La position de l’opérateur historique est toutefois particulière.
Alors que les discussions s’intensifient autour de la vente et le démantèlement de SFR, Orange affiche désormais ses ambitions. Son président du conseil d’administration, Jacques Aschenbroich, plaide pour un retour à trois opérateurs en France. Un appel clair à la consolidation, sur fond de négociations en coulisses entre Free, Bouygues et l’opérateur historique.
Invité de BFM Business lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Jacques Aschenbroich est le premier dirigeant du secteur à s’exprimer publiquement sur le dossier brûlant de la vente de SFR. Il n’a pas caché son souhait de voir le marché français se rationaliser : « Il y a une espèce de dogme, c’est quatre opérateurs. Il y a trois opérateurs aux États-Unis, il y a trois opérateurs en Chine, il y a quatre opérateurs en France et probablement 120 en Europe. Il faut qu’il y ait une concentration. ». Pour le président d’Orange, cette vente représente une opportunité majeure de simplifier un marché trop fragmenté, où les synergies peinent à émerger.
Orange en embuscade, malgré les contraintes
Si Free et Bouygues mènent activement les discussions pour se partager les actifs de SFR (abonnés, réseau mobile et fibre, clientèle entreprise), Orange, lui, avance avec prudence. Contraint par les règles de concurrence, l’opérateur n’entend toutefois pas rester simple spectateur. « Effectivement, il y a des discussions aujourd’hui pour voir si les trois autres opérateurs peuvent se mettre d’accord de manière à voir s’il peut y avoir un partage », a-t-il indiqué, tout en tempérant : « C’est très très loin d’être abouti. »
Lors de l’assemblée générale du groupe fin mai, sa directrice générale Christel Heydemann a déclaré quant à elle que le groupe ne serait pas « à la manœuvre » dans l’hypothèse d’une cession de SFR. « Comme on est numéro un sur le marché français, ce n’est pas nous qui pouvons être à la manœuvre », a-t-elle expliqué, soulignant les contraintes imposées par les règles de concurrence, qui rendraient difficile une acquisition directe en raison de parts de marché déjà dominantes. La dirigeante avait toutefois précisé suivre le dossier et les possibles combinaisons.
Orange garde ainsi un œil attentif sur les négociations et pourrait chercher à récupérer certains actifs ciblés, dans la limite de ce que lui permettrait l’Autorité de la concurrence. « La ligne rouge, ce serait de perdre notre leadership», a averti son président. Et d’ajouter sur les possibles obstacles réglementaires s’il parvenait à un accord : « est-ce que les autorités de la concurrence laisseraient faire ? Je ne sais pas et ça c’est le vrai problème”. Une équation délicate se profile donc dans une recomposition qui s’annonce aussi stratégique que politique. Si l’opérateur historique milite pour une consolidation, la possibilité de rester à quatre acteurs n’est toujours pas écartée, des groupes étrangers comme Etisalat (Émirats arabes unis) et STC (Arabie saoudite) ont montré leur intérêt afin de s’emparer de SFR.