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Pour l’inventeur du “DSL”, la France enterre le réseau “cuivre” un peu trop vite
Alors que certaines expériences comme à Palaiseau visent à éteindre le réseau traditionnel cuivré pour pousser les consommateurs à souscrire une offre fibre, pour l’inventeur de la technologie DSL, permettant de recevoir la télévision par les lignes téléphoniques, "le cuivre sera encore là dans cent ans". S’il ne touche plus de royalties sur l’ADSL, il est désormais porteur de brevets sur le VDSL avec notamment pour client, SFR et Bouygues Télécom.
Face au projet du gouvernement de couvrir 80 % de la population en fibre jusqu’à l’abonné d’ici 2022, John Cioffi estime qu’il "faut être réaliste. […] Pour poser la fibre optique, il faut creuser et un kilomètre coûte en moyenne 1 millions d’euros. Pour équiper 10 000 personnes c’est merveilleux, mais s’il n’y a que 10 foyers c’est effrayant."
Pour lui, déployer le FTTH sur une telle zone peut avoir un coût démesuré, citant l’Americain Verizon qui a abandonné son projet de fibre à grande échelle en 2011, après 20 milliards de dollars d’investissement, et une perte non récupérable de 800 $ par foyer connecté. Il cite également l’Australie où le retour sur investissements conduisait à des forfaits équivalants à 135 € par mois.
La France ne serait donc pas si en retard que cela sur son homologue outre-atlantique. Si certaines zones sont très bien raccordées, pour lui, "on oublie de comptabiliser les 50 millions d’Américains qui sont trop pauvres pour avoir une connexion et qui se connectent dans les bibliothèques. Il y a parfois un tel afflux que le débit peut tomber à quelques kilobits."
Pour lui, la solution réside évidemment dans le DSL, dont les capacités peuvent atteindre 1 Gbits avec le G-Fast et les limites résident dans le silicium des puces électroniques. Il estime néanmoins qu’on enterre le cuivre un peut trop vite, "j’ai commencé ce métier il y a un quart de siècle et chaque année on m’a prédit son extinction. Cela ne s’est jamais produit." Il souligne également l’avantage de la France au territoire moins étendu : "vos lignes téléphoniques sont plus courtes, en moyenne 2 km jusqu’au répartiteur. Ca permet d’assurer de meilleurs débits."
Cette solution de privilégier d’abord le VDSL au déploiement FTTH est également celle préconisée par Free lors du dernier colloque de l’AVICCA. L’opérateur estimait ainsi que 60 % de la population pouvait profiter d’une montée en débit significative via cette technologie.
Source : Les Echos