Le blocage des sites pornographiques par les opérateurs à nouveau autorisé, Pornhub se retire à nouveau de la France

Le blocage des sites pornographiques par les opérateurs à nouveau autorisé, Pornhub se retire à nouveau de la France

Le Conseil d’État a validé mardi le retour des contrôles d’âge obligatoires sur les plateformes pornographiques européennes. Une décision qui entraîne, une fois de plus, le retrait de Pornhub et consorts du marché français.

Le bras de fer entre l’État français et les géants du porno en ligne connaît un nouveau rebondissement : le Conseil d’État a rétabli mardi 15 juillet l’obligation pour les sites pornographiques situés dans l’Union européenne de vérifier l’âge de leurs visiteurs. Résultat immédiat : les plateformes Pornhub, RedTube et YouPorn, toutes détenues par le groupe Aylo (ex-MindGeek), sont à nouveau inaccessibles en France.

Une décision rendue en urgence, à la demande du gouvernement, et qui vient invalider la suspension d’un arrêté ministériel prononcée à la mi-juin par le tribunal administratif de Paris. L’entreprise chypriote Hammy Limited, opérant notamment Xhamster, avait convaincu la justice de mettre en pause cette obligation. Mais le Conseil d’État a tranché : pas d’urgence démontrée, pas de suspension maintenue. L’arrêté en question, pris en février, impose aux sites X européens de filtrer l’accès aux mineurs sous peine de sanctions de l’Arcom, le régulateur français de l’audiovisuel et du numérique. En pratique, cela implique des systèmes de vérification poussés – allant jusqu’à demander une pièce d’identité ou une photo, avec au moins une méthode dite de « double anonymat », censée garantir la majorité sans exposer l’identité.

Ce dispositif avait conduit Aylo à bloquer l’accès à ses plateformes en France dès le 4 juin, pour éviter des sanctions et protester contre la solution adoptée par l’État. Une stratégie déjà testée par l’entreprise l’an dernier, face à des législations similaires. En coulisses, le groupe dénonce une « confusion législative » et pointe du doigt une absence de solution claire et sécurisée.

Clara Chappaz, ministre déléguée au Numérique, s’est réjouie de ce revers juridique pour les géants du X. « YouPorn et Pornhub face au mur. Les manœuvres juridiques pour ne pas protéger les enfants ne fonctionnent pas », a-t-elle posté sur X (ex-Twitter). Avec son homologue à la Culture, elle avait saisi en référé le Conseil d’État pour annuler la suspension. Du côté des plateformes, le ton est bien différent. En une de leurs sites, Aylo publie un message accusateur, déplorant une situation légale kafkaïenne, accompagné d’une image détournant La Liberté guidant le peuple.

Ce n’est pas la première fois que la France tente d’imposer un encadrement strict de l’accès au porno, et ce ne sera vraisemblablement pas la dernière. Depuis la loi votée en 2024, l’Arcom a publié un référentiel contraignant que les plateformes tentent par tous les moyens de contourner ou d’attaquer. En toile de fond, un débat toujours vif : comment protéger les mineurs tout en préservant la vie privée des internautes ? L’industrie du porno gratuit, bâtie sur le modèle du tout accessible, tout de suite, voit dans ces mesures un coup porté à son modèle économique. Contrairement aux sites payants, les plateformes de streaming comme Pornhub dépendent massivement de la publicité et du volume de trafic. Des obstacles techniques à l’entrée, même minimes, peuvent faire fondre leur audience.

Certaines entreprises du secteur dont Aylo estiment d’ailleurs que la responsabilité ne devrait pas leur incomber, mais revenir aux fabricants d’appareils (Apple, Google) ou aux navigateurs web. En attendant un hypothétique consensus européen sur le sujet, la France campe sur sa position. Et les internautes français, eux, devront à nouveau trouver des détours – ou se passer de leurs sites habituels.

Source : Le Monde

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox