5G : le démantèlement des antennes Huawei repoussé à 2032, un répit pour SFR et Bouygues Telecom sur fond de bataille juridique

Le gouvernement accorde encore un délai supplémentaire pour le retrait des antennes 5G Huawei sur les sites de Bouygues Telecom et SFR. Cette décision intervient alors que Free vient de remporter une victoire juridique devant le Conseil d’État, relançant le débat sur l’équilibre entre sécurité nationale et liberté économique.
Alors que la loi française de 2019 surnommée “anti-Huawei” visait à limiter l’utilisation des équipements du géant chinois pour protéger la sécurité nationale, le gouvernement a annoncé récemment un nouvel assouplissement . Le démantèlement des antennes 5G de Huawei, initialement prévu pour 2028, puis 2031 sur les sites de moindre sensibilité, ne sera finalement exigé qu’en 2032, rapporte Challenges.
Ce report, passé presque inaperçu lors des questions au gouvernement le 27 mai dernier, permet à SFR et Bouygues Telecom, historiquement liés à Huawei, de conserver plus longtemps leurs équipements, limitant ainsi les coûts et délais associés à leur remplacement. Depuis 2019, Bouygues Telecom a obtenu 1 986 autorisations et SFR 905 pour l’exploitation d’équipements Huawei, dont la majorité concerne des mises à jour logicielles plutôt que de nouveaux déploiements. Selon l’Ifri, cette dynamique pourrait faire grimper la part des antennes Huawei sur les sites non sensibles de 13 % en 2024 à 33 % en 2028.
Dans ce contexte, la récente victoire juridique de Free ajoute une autre dimension au dossier. Le 10 mars 2025, le Conseil d’État a donné raison à l’opérateur, annulant une décision de la cour administrative d’appel qui l’avait débouté en 2023. Free contestait l’interdiction quasi totale d’utiliser des équipements Huawei sur près de 4 000 sites, une mesure qu’il jugeait discriminatoire au regard des autorisations partielles accordées à SFR et Bouygues Telecom.
Si le Conseil d’État a estimé que la protection de la sécurité nationale ne pouvait automatiquement primer sur la liberté du commerce et les règles de concurrence, la décision ne remet toutefois pas en cause le fond de la loi. Le dossier, désormais renvoyé en cour d’appel, pourrait néanmoins influencer le cadre réglementaire et rebattre les cartes pour les opérateurs télécoms.