Xavier Niel négocie pour racheter le reste du Monde

Xavier Niel en passe de renforcer son contrôle sur Le Monde et Le Nouvel Obs, avec pour ambition de transférer l’intégralité dans son fond de dotation.
Xavier Niel, fondateur de Free et d’Iliad, s’apprête à conclure un accord stratégique avec le groupe espagnol Prisa pour racheter ses dernières parts dans Le Monde Libre, la holding qui contrôle Le Monde et Le Nouvel Observateur. D’après les informations de La Lettre, l’entrepreneur est entré dans la dernière ligne droite des négociations avec Joseph Oughourlian, président de Prisa, pour acquérir une participation représentant environ 15 % du capital du Monde et 20 % du Nouvel Obs. Une fois l’accord finalisé, ces parts seront intégrées au Fonds pour l’indépendance de la presse (FIP), structure créée par Niel pour sanctuariser le capital du groupe de presse.
Ce fonds, qui détient déjà la quasi-totalité des parts de Xavier Niel dans Le Monde et Le Nouvel Obs, accueillera également cette année les actions de Madison Cox, légataire de Pierre Bergé, après une décision de la Cour de cassation en janvier 2025 favorable à Niel et à Matthieu Pigasse. Le FIP deviendra ainsi, aux côtés du pôle d’indépendance (25,4 % du capital), l’actionnaire principal de la Société éditrice du Monde (SEM) et de celle du Nouvel Obs. Bien qu’il transfère ses participations au fonds, Xavier Niel conservera une action symbolique à son nom, afin de pouvoir réinvestir si nécessaire.
Présent depuis 2005 au capital du groupe, Prisa – également propriétaire d’El País – avait tenté sans succès de racheter Le Monde en 2010, aux côtés de Claude Perdriel et d’Orange. Le trio avait été battu par l’offre de Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre Bergé. Depuis, les parts de Prisa, représentant 20 % de la holding Le Monde Libre (structure en commandite dont les associés sont Niel et Pigasse), lui ont permis de nommer deux représentants au conseil de surveillance de la SEM. Prisa avait cherché ces dernières années à vendre sa participation, notamment au New York Times, sans succès.
La vente intervient dans un contexte tendu pour Prisa. Joseph Oughourlian, également patron du fonds Amber Capital et du club de football RC Lens, fait face à une fronde actionnariale menée par Global Alconaba, une holding associée à l’ex-président espagnol José Luis Rodríguez Zapatero. Ce groupe ambitionne de reprendre la main sur Prisa pour pérenniser son orientation éditoriale de gauche et lancer une chaîne d’information progressiste avant les élections législatives de 2027. Oughourlian, de son côté, met en avant les efforts de désendettement du groupe, passé de 781 à 664 millions d’euros en deux ans, tout en procédant à des remaniements éditoriaux au sein d’El País, dont la directrice Pepa Bueno a été évincée début juin.