Rachat de SFR : Orange pourrait tirer le meilleur parti du deal à trois, la part du lion pas forcément réservée à Bouygues Telecom ?
Les Échos révèle qu’Orange « pèse de tout son poids » dans l’offre conjointe de 17 milliards d’euros sur SFR, avec 27 % de la valeur proposée, une place bien plus centrale qu’elle n’y paraît.
Alors que l’offre non engageante de 17 milliards d’euros de Bouygues, Free et Orange a été immédiatement rejetée le 15 octobre par Altice, les trois opérateurs ont décidé de maintenir leur proposition tout en appelant au « dialogue constructif ».
“Cette opération, tout en assurant la continuité de service pour les clients de SFR, permettrait à la fois de : renforcer les investissements dans la résilience des réseaux très haut débit, dans la cybersécurité, mais aussi dans les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle ; consolider la maîtrise d’infrastructures stratégiques pour le pays ; et préserver un écosystème concurrentiel au bénéfice des consommateurs” a insisté Christel Heydemann, directrice générale d’Orange ce 23 octobre lors de la présentation des résultats financiers du groupe pour le 3e trimestre.
Pourquoi 27 % peut valoir (beaucoup) plus pour Orange
Largement premier sur le fixe et le mobile en nombre d’abonnés, l’opérateur historique a la ferme intention de maintenir son leadership. Dans l’offre du consortium, la répartition du prix et de la valeur serait de l’ordre de 43% pour Bouygues Telecom, 30% pour Free-Groupe iliad et 27% pour Orange.
Selon Les Échos, des sources proches du trio rappellent que les « 27 % » d’Orange portent sur la valeur, et pas sur le volume. Autrement dit, l’essentiel du gain attendu pour l’opérateur pourrait venir d’actifs à haute intensité stratégique comme par exemple le spectre mobile, où Orange pourrait selon certains « récupérer la part du lion », notamment des fréquences hautes dans les grandes villes (héritage 4G/5G de SFR). Sans oublier les infrastructures passives où l’opérateur historique est le seul à conserver une activité de towerco via Totem, il est à noter que des centaines de sites non cédés par SFR à Cellnex en 2021 gardent une valeur stratégique élevée, cela pourrait donc intéresser en premier lieu l’ex-France Télécom. Officiellement, l’offre des 3 opérateurs indique sur ce point : “les autres actifs et ressources (notamment les infrastructures et les fréquences) seraient partagés entre Bouygues Telecom, Free-Groupe iliad et Orange“.
Nos confrères évoquent également des cessions post-vente de SFR avec l’exemple des pylônes issus de l’accord Crozon (Bouygues/SFR) susceptibles d’être revendus par Bouygues Telecom, ou encore un possible intérêt d’Orange pour XP Fibre (environ 7 milliards d’euros), dossier connexe surveillé par le marché. Ces éléments, rapportés éclairent la logique d’un 27 % qui paie surtout les actifs critiques, plutôt qu’un simple morceau de base clients.
Le partage des clients… sans perdre de terrain
Toujours d’après Les Échos et ses interlocuteurs, l’Autorité de la concurrence serait moins un écueil si la répartition des clients reflétait les parts de marché actuelles : Orange ne doit pas « perdre » en parts après recomposition, explique un observateur. Dans ce schéma, Bouygues renforcerait le premium, Free capterait davantage de low-cost avec Red by SFR comme déjà évoqué, et Orange prendrait « un peu des deux », tout en restant dominant. C’est le cœur de la thèse pro-concurrence avancée par les trois opérateurs. En clair, si la consolidation rééquilibre le marché et soutient les prix, le leader en profite d’abord, d’où l’acceptation d’un ticket de 27 % en valeur sur l’offre, pendant que l’État et le régulateur affichent leur vigilance sur les effets consommateurs. Mais pour l’heure tout ceci n’est qu’hypothèse. Pour l’heure selon BFM, Orange serait à la manœuvre pour reprendre les négociations alors que Patrick Drahi aurait demandé au trio de relever leur offre à 21 milliards d’euros.