Les chaînes TV thématiques dans le rouge : les revenus issus des box de Free, Orange, Bouygues et SFR dégringolent
Après dix ans de recul marqué de leurs revenus, les chaînes payantes demandent à l’État d’intervenir. L’Acces publie un manifeste pour appeler à un “sursaut réglementaire” face au piratage et à l’essoufflement du marché.
Les chaînes payantes françaises (hors Canal+) traversent une période critique : en dix ans, leurs principales sources de revenus, à savoir les commissions versées par les FAI et les bouquets TV, ont chuté d’environ 40 %. Dans ce contexte, l’Acces, l’association qui fédère plus de 110 chaînes payantes (Canal+, BeIN Sports, Paris Première, Ushuaïa TV…), publie un manifeste pour alerter les pouvoirs publics. Son délégué général, Eric Brion, appelle dans Les Echos à un « sursaut réglementaire » destiné à soutenir un secteur encore présent dans 80 % des foyers français grâce aux box des opérateurs.
En 2023, les chaînes thématiques représentaient 2,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit un tiers du marché télévisuel français, et 10 % des audiences, un niveau stable depuis plusieurs années. Mais la croissance est freinée par plusieurs facteurs, à commencer par le piratage. Selon l’Arcom, ces pratiques ont causé 200 millions d’euros de pertes directes en 2023, un montant qui pourrait atteindre 600 millions d’euros en 2027. Une loi incluant de nouveaux outils de protection (comme le blocage d’IP en temps réel) a été votée au Sénat en juin, mais l’Acces réclame qu’elle soit rapidement inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
Le secteur cherche aussi à renforcer son développement international. Les chaînes françaises sont déjà diffusées en moyenne dans plus de 100 pays, soutenues par la présence de Canal+ sur plusieurs continents et par le rachat de MultiChoice en Afrique. L’Acces estime toutefois que la réglementation actuelle n’encourage pas suffisamment l’achat de programmes à l’export. L’association prévoit d’interpeller la ministre de la Culture sur ce point, s’inspirant du modèle défendu par les producteurs d’animation. Elle plaide également pour l’ouverture de nouveaux secteurs publicitaires à la télévision, notamment la grande distribution, afin de réduire les asymétries avec les plateformes comme YouTube. La publicité représente encore environ 20 % du chiffre d’affaires des chaînes thématiques, mais ces revenus sont, eux aussi, en baisse.