Roaming en Europe : une qualité de service mobile loin de la promesse « comme à la maison » pour les abonnés Orange, Free Mobile, SFR et Bouygues

Roaming en Europe : une qualité de service mobile loin de la promesse « comme à la maison » pour les abonnés Orange, Free Mobile, SFR et Bouygues

Voyager en Europe sans surcoût mobile, oui. Mais avec la même qualité de connexion qu’à la maison, pas encore. Une étude commandée par la Commission européenne montre que les utilisateurs en roaming subissent encore des débits plus lents, une latence accrue et des temps de connexion parfois interminables aux frontières.

Si vous voyagez dans un autre pays européen, mieux vaut vous armer de patience avant de profiter pleinement de votre connexion mobile. Selon une étude commandée par la Commission européenne, l’expérience des voyageurs en roaming reste largement inférieure à celle des utilisateurs locaux. Dans 80 % des cas, le débit descendant est plus lent, 68 % du temps le débit montant est dégradé et la latence est 90 % plus élevée. Pire encore : lors d’un passage de frontière en voiture, il peut falloir jusqu’à dix minutes avant de réussir à accrocher le nouveau réseau.

Ces résultats s’expliquent d’abord par des contraintes techniques. Lorsqu’un smartphone se connecte à un réseau étranger, il doit être authentifié auprès de l’opérateur d’origine, ce qui ajoute un délai. « Le trafic data en roaming est réacheminé par l’opérateur visité vers l’opérateur d’origine, ce qui introduit une latence supplémentaire », précise Jérôme Hardouin, directeur technique roaming chez Orange Wholesale. S’ajoutent à cela les zones frontières, où la puissance des antennes est parfois limitée pour éviter les interférences, rendant la connexion instable.

L’étude réalisée par la société française Mozark via son application 5GMark dans 20 pays de l’UE soulève cependant une autre question : la qualité réduite du roaming ne serait pas uniquement liée à la technique. Elle pourrait aussi découler d’accords commerciaux, de politiques de priorisation ou de configurations de réseau qui traitent le trafic itinérant comme secondaire par rapport au trafic local. Une pratique qui, si elle se confirmait, constituerait une infraction aux règles européennes.

La dernière révision du règlement européen sur l’itinérance, adoptée en 2022, précise pourtant que les clients doivent bénéficier, « lorsque cela est techniquement réalisable », d’un niveau de qualité de service équivalent à celui dont ils disposent dans leur pays. Mais les critères d’évaluation restent flous. En France, l’Arcep reconnaît qu’il est difficile de mesurer précisément cette qualité en roaming, faute de moyens comparables à ceux mobilisés pour ses enquêtes nationales.

Depuis 2017, la Commission européenne met en avant le principe du « Roam like at home », qui avait marqué une avancée majeure en supprimant les frais de roaming. Fini les factures exorbitantes pour consulter ses mails ou utiliser la data à l’étranger : les forfaits nationaux sont devenus utilisables partout en Europe, sans surcoût. Mais huit ans plus tard, si la promesse financière est tenue, celle de la qualité reste incomplète. Un effort supplémentaire est attendu pour que voyager en Europe rime vraiment avec une expérience mobile sans concession.

Source : La Tribune

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox