Fibre optique : la France se distingue par sa couverture et sa qualité
La nouvelle édition de l’observatoire de l’Arcep confirme l’amélioration de la qualité des réseaux en fibre optique. Avec plus de neuf foyers sur dix éligibles et une adoption record, la France reste l’un des pays les mieux couverts d’Europe. Décryptage de ces avancées et des raisons de ce succès.
Au fil des années, la fibre optique est devenue en France le principal support des connexions à internet. Les câbles lumineux remplacent progressivement les vieilles lignes en cuivre, offrant des débits beaucoup plus élevés et une stabilité supérieure. L’Arcep, l’autorité de régulation des communications, publie depuis 2023 un observatoire de la qualité des réseaux FttH pour suivre l’évolution des pannes, des raccordements et de l’expérience utilisateur. La sixième édition, rendue publique début septembre 2025, confirme des améliorations notables mais rappelle aussi que l’effort doit se poursuivre.
Une couverture d’exception en Europe
La France peut se targuer d’un taux de couverture en fibre optique supérieur à 90 %. Concrètement, cela signifie que neuf logements ou locaux professionnels sur dix peuvent être raccordés au très haut débit. C’est mieux que la plupart de nos voisins européens : selon le dernier classement de Zone ADSL & Fibre, basé sur des données de la FTTH Council, l’Hexagone occupe la première place en matière de couverture. Si l’on considère le taux de pénétration – c’est‑à‑dire la part des foyers éligibles qui ont effectivement souscrit à une offre – la France se classe quatrième en Europe avec un peu plus de 75 %, devancée par l’Espagne et le Portugal mais largement devant l’Allemagne ou l’Italie.
Ces chiffres témoignent d’une stratégie anticipée. Dès 2010, l’État a lancé le plan France Très Haut Débit, mobilisant des financements publics pour encourager les opérateurs à déployer des réseaux en fibre jusque dans les zones moins denses. Les infrastructures sont mutualisées : un même réseau dessert plusieurs fournisseurs d’accès, ce qui réduit les coûts et accélère la couverture. Aujourd’hui, environ quarante millions de locaux sont raccordables, et les abonnements fibre représentent les trois quarts des abonnements internet fixes. La fermeture progressive du réseau cuivre, prévue pour 2030, encourage encore davantage les foyers à franchir le pas vers la fibre.
Des indicateurs de qualité en progression
L’observatoire de l’Arcep mesure également la qualité de service. Premier point positif : les pannes diminuent nettement. En deux ans, le nombre de réseaux présentant un taux de pannes supérieur à 1 % a été divisé par trois. Les pannes restent plus fréquentes sur certains réseaux franciliens, mais la tendance générale est à l’amélioration. Deux nouveaux indicateurs complètent désormais l’observatoire : le taux d’abonnés confrontés à au moins une panne durant le mois et le taux de réussite des commandes de mise en service. Le premier indicateur montre qu’en mars 2025, seulement 1,7 % des abonnés ont subi une panne pendant le mois, contre 2,2 % un an plus tôt. Le second indique que 85 % des mises en service aboutissent en moins de 60 jours, qu’il s’agisse d’une première installation ou d’un changement d’opérateur. Ces données confirment l’amélioration perceptible par les usagers.
Le rapport met aussi en lumière des disparités de qualité. Une analyse d’un échantillon de comptes rendus d’intervention révèle que 7 % à 9 % des raccordements effectués au premier trimestre 2025 présentent une malfaçon jugée “critique”. Les opérateurs ne corrigent pas tous ces défauts avec la même réactivité, ce qui explique que certains usagers rencontrent des problèmes persistants. L’Arcep rappelle que les indicateurs doivent être examinés dans la durée et que l’ensemble de la filière doit poursuivre la mise en œuvre du plan d’action « Qualité de la fibre » adopté en 2022, qui vise à renforcer les contrôles et à reprendre les réseaux les plus accidentés.
Pourquoi la France fait mieux que ses voisins
Si la France est en pointe, c’est parce qu’elle a misé tôt sur une vision à long terme. La mutualisation des réseaux permet aux opérateurs de partager les coûts et d’investir dans des zones peu rentables. Les collectivités locales ont bénéficié de soutiens financiers pour créer des réseaux d’initiative publique dans les zones rurales, tandis que les zones à forte densité ont été confiées aux opérateurs privés. Cette organisation a permis de déployer rapidement la fibre sur tout le territoire.
Le cadre réglementaire y est aussi pour beaucoup. L’Arcep a instauré des obligations de couverture et de transparence, favorisant la concurrence entre opérateurs et incitant à proposer des offres abordables. En Espagne ou en Portugal, des choix similaires ont permis d’atteindre des taux d’adoption supérieurs à ceux de la France, mais l’Hexagone a choisi un équilibre entre couverture rapide et concurrence ouverte. À l’inverse, en Allemagne ou en Italie, les investissements tardifs et la prédominance des technologies xDSL ont retardé la transition, si bien que moins d’un foyer sur cinq y est abonné à la fibre.