Des engins de chantier ont mystérieusement brouillé les réseaux mobile des opérateurs en France pendant 2 ans

Des engins de chantier ont mystérieusement brouillé les réseaux mobile des opérateurs en France pendant 2 ans

Pendant plus de deux ans, des grues et tractopelles ont perturbé les réseaux mobiles partout en France. L’ANFR a dû mener une enquête d’envergure pour en identifier la cause et contraindre le constructeur à corriger le tir. Retour sur une affaire méconnue qui a impacté les opérateurs et leurs clients.

Des pannes mystérieuses sur les réseaux mobiles, l’Agence nationale des fréquences en recense assez régulièrement mais celle-ci lui a véritablement donné du fil à retordre. Tout commence en 2022. Un opérateur mobile alerte l’ANFR: dans plusieurs départements, la téléphonie mobile en 3G est régulièrement brouillée. À chaque fois, plusieurs bandes de fréquences sont touchées : 800, 1800, 2100 et 2600 MHz. Résultat, des opérateurs impuissants et des réseaux dégradés.

Les agents de l’ANFR mènent alors l’enquête. Leur équipement permet de localiser les sources d’interférences : à chaque fois, ce sont des engins de chantier (grues, pelles mécaniques, tractopelles) équipés d’un boîtier de communication (modem 3G/4G) défectueux. Ces modems émettent en continu sur les bandes mobiles, comme des brouilleurs involontaires.

“ll apparaît que l’équipement fautif est un boitier de connexion à distance (modem) installé dans des grues, mais aussi des pelles à câble hydrauliques, des machines de terrassement. Ce boîtier télématique permet la gestion de parcs et de véhicules : il transmet des informations sur la localisation et l’exploitation des machines, comme leur emplacement, leurs durées de fonctionnement et d’exploitation, leur consommation de carburant ou des informations sur la maintenance”, indique l’ANFR.

Une fois le boîtier éteint, les interférences cessent instantanément. Mais le mal est fait : le phénomène se répète un peu partout en France, des Alpes-Maritimes à la Sarthe, en passant par la Loire ou la Drôme. Le réseau mobile est parasité en hauteur, là où ces machines dominent le paysage.

L’enquête remonte jusqu’au constructeur

Face à la multiplication des incidents, l’ANFR engage un dialogue avec le fabricant des engins. Le modem incriminé équipe des milliers de machines en France. Le constructeur, d’abord sceptique, finit par reconnaître le dysfonctionnement après des tests en conditions réelles. “Au total, l’ANFR sera intervenue plus d’une vingtaine de fois pour les engins de chantier de cette marque. Avec des milliers de machines déployées dans toute la France, l’ANFR a exigé du constructeur qu’il trouve enfin une solution pérenne à ces brouillages récurrents : ils constituent en effet des délits au sens de l’article L 39-1 du code des postes et des communications électroniques, avec une peine pouvant aller jusqu’à 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende”, apprend-on.

Une solution logicielle est alors développée pour corriger les défauts du modem. À partir de 2024, une campagne de mise à jour massive est lancée. Selon les cas, elle s’effectue à distance ou en usine. Priorité est donnée aux machines présentes dans les villes hôtes des Jeux olympiques. Au printemps 2025, le problème est presque entièrement résolu. 95 % des machines ont été mises à jour, et plus aucun cas de brouillage n’est signalé. Une réunion finale est prévue à l’été pour clôturer définitivement le dossier.

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox