Smartphones : vers une interdiction de la vente aux moins de quinze ans ?

Des députés veulent interdire la vente de smartphones aux moins de 15 ans.
Les députés Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) et Ayda Hadizadeh (Parti socialiste) s’apprêtent à déposer une proposition de loi transpartisane visant à interdire la vente de smartphones aux enfants de moins de 15 ans, selon une information révélée par Le Figaro le jeudi 12 juin.
L’objectif affiché par les deux élus : mieux protéger les jeunes des effets jugés nocifs des smartphones, notamment de l’exposition aux réseaux sociaux. “Le smartphone est une bombe à retardement, une arme de destruction massive du lien entre les enfants et leurs parents”, a déclaré Jérémie Patrier-Leitus, qui compare son usage précoce à la consommation d’alcool ou de tabac chez les mineurs. Pour Ayda Hadizadeh, cette proposition permettrait d’agir plus concrètement : “Cette loi va aider les parents à tenir des interdits. On ne peut plus se contenter de simples campagnes d’information“, estime-t-elle.
Une interdiction ciblée et un label pour les téléphones simplifiés
La proposition de loi n’interdirait pas totalement les téléphones pour les moins de 15 ans, mais viserait spécifiquement les smartphones, jugés inadaptés à un usage précoce. “Nous ne voulons pas revenir à l’âge de pierre”, précise Jérémie Patrier-Leitus, mais il s’agit selon lui de poser des limites claires. “À 10 ans, a-t-on vraiment besoin d’avoir accès à Snapchat ou Instagram ?” Le texte prévoit également la création d’un label “téléphone à service limité” destiné aux modèles sans accès à Internet ni aux réseaux sociaux, afin d’offrir une alternative aux familles.
Ce projet intervient alors qu’Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, dans un contexte marqué par le meurtre d’une surveillante poignardée par un élève de 14 ans à Nogent, le 10 juin dernier. Le chef de l’État avait déjà défendu l’année dernière l’idée d’interdire les téléphones aux enfants de moins de 11 ans, sur la base des recommandations d’un groupe d’experts.
La proposition de loi des deux députés sera ouverte à la cosignature dès cette semaine, avec l’espoir qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée lors de la semaine transpartisane prévue en décembre. Le président d’Horizons, Édouard Philippe, a salué une initiative dépassant les clivages politiques : “Il y a des combats qui nous réunissent au-delà des étiquettes“, a-t-il déclaré au Figaro.
Reste que la mise en œuvre de telles mesures, notamment l’interdiction des réseaux sociaux aux mineurs, soulève de nombreuses difficultés techniques et juridiques, malgré une première proposition de loi déjà adoptée sur le sujet qui n’est pas entrée en vigueur.