Fibre optique : une aide pour le raccordement prévue par l’État prend un retard “regrettable”

L’aide aux raccordements complexes promise par l’État va prendre du temps à arriver et pourrait ainsi louper le coche.
Alors que l’arrêt progressif de l’ADSL approche dans plusieurs milliers de communes, le dispositif d’aide financière destiné à accompagner les raccordements complexes à la fibre optique peine à se mettre en place. Annoncée fin 2024 par le ministre de l’Industrie Marc Ferracci et votée dans la loi de finances 2025, l’enveloppe de 16,1 millions d’euros prévue à cet effet n’est toujours pas opérationnelle.
Cette aide doit permettre aux particuliers et aux très petites entreprises de financer des travaux nécessaires sur le domaine privatif afin d’accéder à la fibre, notamment dans les zones où le réseau cuivre d’Orange est en cours de fermeture. Le lot 2 du plan, qui concerne 829 communes, verra ses lignes ADSL coupées au 31 janvier 2026. Le lot 3, plus vaste, regroupe 6 849 communes dont la fermeture interviendra entre janvier et octobre 2028.
Mais selon les dernières informations, le dispositif ne devrait être fonctionnel qu’à partir de septembre 2025. Ce calendrier laisse un délai très court – à peine quatre mois – aux foyers concernés du lot 2 pour déposer leur demande, obtenir un accord, réaliser les travaux, puis être raccordés à la fibre.
Pour Ariel Turpin, délégué général de l’Avicca, ce retard est regrettable. Il rappelle que la fermeture du réseau cuivre s’impose aux usagers et qu’un tel soutien aurait pu être financé par les opérateurs eux-mêmes. Des élus, notamment le député de l’Orne Jérôme Nury, soulignent également les difficultés spécifiques aux zones rurales, où les infrastructures existantes sont souvent inadaptées.
Le dispositif visait pourtant à répondre à une problématique bien identifiée. Un rapport du Conseil général de l’économie, publié en avril 2024, estimait entre 1,1 et 1,18 million le nombre de raccordements complexes en France. Des estimations plus prudentes évoquent aujourd’hui environ 500 000 cas. Les coûts varient selon les situations : une partie des travaux est légère (moins de 200 euros), tandis que d’autres peuvent dépasser les 1 000 euros. Ces montants représentent un obstacle pour de nombreux ménages ou TPE, avec le risque qu’ils renoncent à une connexion filaire ou se tournent vers des solutions alternatives, comme le satellite, moins fiables et non souveraines. Un déploiement tardif du dispositif pourrait donc compromettre son efficacité et renforcer les inégalités d’accès au très haut débit.
Source : La Tribune