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Fibre : si Free, Orange, Bouygues et SFR n’investissent pas dans les RIP, cela « revient à ne pas s’adresser à 4 français sur 10 »
Univers Freebox s’est entretenue avec le président de la FIRIP (Fédération des Industriels des Réseaux d’Initiative Publique), Etienne Dugas, au sujet de l’avenir des Réseaux d’Initiative Publique et sur les enjeux de ces réseaux avec le potentiel rachat de Bouygues Télécom par Orange. Rappelons que les RIP font partie du Plan Très Haut Débit (prévoyant de couvrir l’entièreté du territoire français en très haut débit d’ici 2022), initié par le gouvernement au printemps 2013. Ce sont des réseaux physiques construits en dehors des zones considérées comme « très denses » ou « moyennement denses » qui sont, elles, couvertes par les opérateurs télécoms.
Univers Freebox : La FIRIP demande à l’état, en tant qu’actionnaire d’Orange, d’être "d’avantage client des RIP" afin de pouvoir accélérer le déploiement et la commercialisation de la fibre optique. Comment comptez-vous faire pression auprès de l’état afin d’obtenir des garanties de la part d’Orange ?
Etienne Dugas : Nous souhaitons avant tout interpeller l’Etat et faire prendre conscience de l’enjeu lié à la venue des grands opérateurs sur les Réseaux d’Initiative Publique. Ces réseaux permettront à 43% de la population française d’accéder au très haut débit. Ils couvrent 33 000 des 36 000 communes en France. C’est pourquoi, nous mobilisons tous les moyens qui sont en notre possession (courriers directement adressés aux autorités, sensibilisation des médias). Il s’agit plus de pédagogie que de pression !
– Si Orange refuse de donner des garanties à la FIRIP concernant les investissements dans les RIP, comment comptez-vous réagir ?
Nous pensons que nous sommes seulement au début de l’histoire. A ce stade, nous n’imaginons pas que le nouvel ensemble Orange-Bouygues Telecom ne soit ni client, ni même partenaire des RIP.
– Quels moyens avez-vous pour inciter Free, SFR et Bouygues Télécom à investir également dans les RIP ?
Tout d’abord, rappelons que, même si SFR a ralenti son investissement sur les RIP depuis quelques mois, il reste le principal client des réseaux de première génération.
Notre argument majeur est de leur faire prendre conscience que de ne pas s’investir sur ces RIP, revient à ne pas s’adresser à 4 français sur 10.
Qui plus est, en soutenant la construction des prises FTTH et en apportant des solutions très haut débit sur le terrain, à la porte des habitations, le citoyen deviendra moteur pour demander à basculer du cuivre vers la fibre. Ce sera alors plus difficile de maintenir le modèle économique existant du cuivre.
Dans le même esprit, si les collectivités se regroupent et fédèrent la commercialisation de ces nouvelles prises FTTH, il deviendra plus simple et intéressant pour les grands opérateurs de s’investir sur les RIP. Il y aura un effet naturel lié au volume.
Nous encourageons la construction des réseaux et les initiatives de la part des collectivités, qui visent à se fédérer pour la commercialisation des prises FTTH sur les RIP.
– Craignez-vous que le potentiel rachat de Bouygues Télécom par Orange bloque le marché entreprises à cause du poids du futur ensemble dans le marché des télécoms ?
Oui. Quand on sait que les deux acteurs réunis vont peser près de 75% du marché Entreprises, le risque évident est que les grands opérateurs verrouillent à terme le marché télécom Entreprises. Les initiatives des autres opérateurs seraient alors de facto découragées du fait d’une rentabilité impossible à tenir. C’est pourquoi, nous avons saisi l’Arcep et l’Autorité de la concurrence au travers de courriers qui leur ont été adressés le 4 mars dernier.
– Quel serait, selon vous, le scénario idéal dans le cadre du mariage Orange/ Bouygues Télécom ?
Que ce nouvel ensemble, qui sera incontournable, soit un partenaire actif sur tous les RIP.
– Est-ce que Free a, selon vous, un rôle particulier à jouer au sein des négociations sur le rachat de Bouygues Télécom par Orange ?
Au sein de la FIRIP, nous nous intéressons exclusivement au volet Internet du rapprochement. En revanche, nous imaginons bien que, sur la partie mobile, Free peut être intéressé pour être un client d’une partie ou de la totalité de l’infrastructure de téléphonie mobile du nouvel ensemble.