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SFR-Numericable : Patrick Drahi poursuit sa chasse aux sorcières des dépenses en mode “terreur”
Dans un article paru ce dimanche dans le JDD, la situation empire chez SFR-Numericable. Pour Patrick Drahi qui s’est ultra-endetté pour racheter le mastodonte SFR, c’est une traque à la moindre dépense inutile qui est lancée, supervisée par ses soins.
Du côté des boutiques de la franchise SFR, Frank Cadoret, ex directeur du réseau, avait estimé à 100 000 € le coût de rénovation par boutique. Patrick Drahi a tranché : ce sera 30 000€, pas plus. Concernant les coûts informatiques, les 200 millions d’euros par an de budget ont été réduits par 4. Les notes de frais sont étudiées minutieusement, les repas d’équipe sont interdits, le nombre de chemise des vendeurs en boutique a même été réduit : des économies de bout de chandelles.
Même topo du côté des voyages. Si 15 dirigeants devaient se rendre au CES 2015, le salon de la high tech à Las Vegas, ils resteront tous à quai, Patrick Drahi n’ayant pas envie "de payer leurs vacances."
Le dégraissage des dirigeants a d’ailleurs commencé : 55 des 70 directeurs les mieux payés de SFR ont pris la porte, Patrick Drahi préférant leur signer de gros chèques de départ plutôt que de maintenir leur salaire au dessus de 150 000 € par an. Une centaine d’autres cadres ont également quitté l’entreprise.
Si Patrick Drahi s’est engagé à ne pas licencier pendant trois ans, les effectifs se réduisent néanmoins devant la dégradation des conditions de travail. Rien que sur l’informatique, 250 ordinateurs ont été rendus, soit environ 250 abandons de postes.
Selon un syndicaliste, des dizaines de personnes sont classées "en mobilité". Pour lui, le message que veut faire passer la directeur est "soyez content d’avoir un job" et "beaucoup de départs individuels sont négociés avec la direction", juste histoire de contourner l’accord du gouvernement.
Pour un élu, "il y a une anesthésie syndicale". Il serait même question de négociations avec "certains syndicalistes" qui ont "conclu des accords avec la direction pour avoir des primes et des augmentations de salaire" accuse un représentant du personnel.
Côté partenaires et sous-traitant, Univers Freebox vous en parlait déjà il y a quelques semaines, un dirigeant explique : "la ligne directrice est claire : c’est -30% ou on ne paie pas."
Téléperformance, centres d’appels sous-traitant attendent le règlement de 40 millions d’euros d’impayés. Un autre acteur annonce avoir "du envoyer un avocat pour récupérer une facture d’un millions d’euros." Des prestataires comme Sopra et Gemini ont sollicité le médiateur inter-entreprises devant cette situation. D’autres grosses entreprises, comme Vinci, Veolia ou Spie, sont également en litige avec l’opérateur. Beaucoup annoncent vouloir "arrêter de bosser avec lui".
Un syndicaliste reconnait néanmoins que "Drahi connaît mieux la boîte que les anciens dirigeants" qui avaient laissé SFR à la dérive sans réel projet. Depuis le rachat, le rythme s’est accéléré : "on a l’impression qu’ils sont là depuis un an tellement de décisions sont prises."
Du côté de la direction on se défend : "l’entreprise perd 15% de chiffre d’affaires par an et il n’y a plus de marges. Ça ne peut plus continuer, se défend la direction. Il n’y avait pas de maîtrise des dépenses. Aujourd’hui, chaque euro compte." Reste à savoir quel sera le prix à payer par les salariés pour que SFR-Numericable rembourse ses dettes et sorte la tête de l’eau dans laquelle elle se noie pour le moment.
Source : JDD