13/12
Attribution des 700 MHz en 2015 : Free Mobile chante, les autres déchantent
L’annonce du chef de l’État, la semaine passée, ne laisse plus place au doute, le processus d’attribution des fréquences dans la bande des 700 MHz aura bien lieu dès l’année prochaine. Cette mission sera une nouvelle fois confiée à l’ARCEP pour un transfert à l’horizon 2017-2019.
D’ores un déjà, un opérateur est tout sourire. Ayant fait l’impasse sur la bande des 800 MHz, Free manque cruellement de fréquences en or qui lui permettrait d’augmenter sensiblement la portée de sa couverture 4G. Maxime Lombardini, Directeur Général d’Iliad évoquait déjà ce sujet à l’occasion de la journée communautaire en juin dernier : "les fréquences, qui avaient été attribuées avant, étaient insuffisantes et auraient conduit à une pénurie à terme. Qu’elle viennent un peu plus tôt que prévu, c’est une bonne nouvelle pour le secteur."
Elles permettraient également à Free de pouvoir rattraper son retard sur le dossier de la 4G+, Free disposant enfin de 2 bandes de fréquences en 4G.
Du côté du calendrier, l’échéance de 2015 arrive également au bon moment pour Free pour plusieurs raisons : primo, les autres opérateurs s’adaptent seulement au passage de trois à quatre opérateurs et à une concurrence accrue dans le secteur. Pour Martin Bouygues, la coupe est pleine, ces enchères prévues pour l’année prochaine arrivent trop tôt pour un opérateur en pleine restructuration financière : "on a besoin d’une perfusion et on vient nous faire une prise de sang." Bouygues Télécom pourrait se retrouver dans le rouge s’il était amener à dépenser plusieurs centaines de millions d’euros en 2015.
Secundo, les autres opérateurs déjà bien lotis en fréquences, n’en manifestent pas nécessairement le besoin immédiat, ces dernières disposant déjà de 2 voire 3 bandes de fréquences 4G achetées à prix d’or. "Nous sortons à peine des enchères précédentes" a d’ailleurs protesté un opérateur du secteur. Pour lui, il y a "tromperie sur la marchandise !" Du côté de SFR, on parle même de porté un recours devant le Conseil d’État pour préjudice estimant que, deux années plus tôt, les autorités avaient annoncé qu’il n’y en aurait pas d’autres avant la fin de la décennie. l’État avait ainsi pu obtenir 3.5 milliards d’euros des enchères sur les bandes 800 et 2600 MHz.
Tertio : certains opérateurs comme SFR se retrouvent dans des processus de fusion/acquisition avec Numericable conduisant à un endettement fort du groupe, Bouygues et SFR sont de leur côté dans un processus de mutualisation des réseaux mobiles qui peinent à se dessiner, autant de distractions qui laissent relativement le champ libre à Free Mobile.
Enfin pour un autre opérateur, si ces enchères venaient à être maintenues, il estime que "le calendrier d’attribution doit tenir compte de la nécessité pour les opérateurs de planifier sereinement leurs investissements". Il serait ainsi question d’échelonner les paiements. Bercy promet ainsi de tenir compte de la situation financière des opérateurs lors des enchères.
Du côté de Orange, si on ne saute pas de joie à l’annonce de l’attribution des "fréquences en or", Stéphane Richard PDG d’Orange, annonce, dans une interview à France Info que, "ca va mettre tout le monde au pied du mur. Il y a aujourd’hui quatre opérateurs. Il va falloir sortir le chéquier. On va voir qui est capable de le faire".
Pour un expert du secteur ces enchères pourraient être un bon indicateur du secteur des télécoms français et "feront figure de tests pour les opérateurs : on verra qui est encore prêt à jouer ou pas."
Source : Les Echos