13/12
Pour le Président du CSA, c’est TF1 le responsable de la probable fermeture de LCI
Olivier SCHRAMECK, le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, était l’invité de Florence Cohen mardi soir sur RTL. Il s’est expliqué sur le choix du CSA de ne pas autoriser le passage de LCI, Paris Première et Planète+ sur la TNT gratuite. Il a insisté sur le fait que la probable fermeture de LCI est uniquement du fait de TF1, même si depuis hier, c’est le CSA qui est accusé par les personnalités du groupe TF1 d’être responsable de la fin de la chaîne.
Retranscription de l’interview
FLORENCE COHEN : Vous êtes le président du CSA, Conseil supérieur de l’audiovisuel. Donc LCI, PARIS PREMIERE et PLANETE n’arriveront pas sur la TNT gratuite. Pour ce qui est du cas le plus emblématique, celui de LCI, ça veut donc dire que vous aves décidé de laisser vivre BFM TV et I>TELE, les deux chaînes d’info continue actuelles ?
OLIVIER SCHRAMECK : Ce n’était pas exactement de cette manière que les choses se sont présentées. D’abord, l’agrément a été refusé, mais il a été refusé aujourd’hui, compte tenu des conditions économiques, financières et publicitaires de ce qu’on appelle « le paysage audiovisuel », car le Conseil a considéré que des décisions positives fragiliseraient l’ensemble de ce paysage audiovisuel qui, d’ailleurs, n’inclut pas que les télévisions, mais aussi les radios et leurs tâches d’information, et il a estimé que si, à l’avenir, ces conditions se trouvaient modifiées, ces questions seraient susceptibles de lui être posées à nouveau. C’est donc une décision d’analyse de la situation présente, fondée sur des études approfondies, et un dialogue continu avec nos interlocuteurs et tous les tiers intéressés, dont RTL.
FLORENCE COHEN : D’accord. Donc en l’état, on ne déstabilise pas le marché publicitaire télévisuel. Il y a une majorité claire qui s’est dessinée là-dessus ? Ou la bataille a été âpre ?
OLIVIER SCHRAMECK : Toutes les décisions ont été prises à la majorité. Nous avons commencé à délibérer un peu avant 11 heures du matin ; nous avons terminé tout, y compris la rédaction complète des 3 décisions et du communiqué à 15 h 30 ; c’est la seule indication que je puis vous donner, outre le fait que toutes les décisions ont été acquises à la majorité.
FLORENCE COHEN : Ce qui sous-entend que c’est rapide. C’est une décision où vous n’êtes pas sans savoir, Olivier SCHRAMECK, à forte portée sociale puisque le patron de TF1, maison-mère de LCI, a déjà dit que si gratuité il n’y avait pas, il allait fermer LCI, 250 collaborateurs. Vous êtes conscient, évidemment, de la portée sociale de la décision ?
OLIVIER SCHRAMECK : Le dirigeant de TF1 est la première personnalité de l’audiovisuel que j’ai jointe. Nous avons examiné toutes les possibilités qui étaient offertes à la décision de TF1. En tout état de cause, c’est la décision de TF1 qui sera prise et non celle du CSA. La décision du CSA a pour seule portée de maintenir la décision… la situation, pardonnez-moi, telle qu’elle résulte des décisions précédentes de TF1, et de la conjoncture économique qui affecte l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel.
FLORENCE COHEN : Oui mais indirectement, ça peut faire 250 personnes « sur le carreau »…
OLIVIER SCHRAMECK : C’est la décision de TF1 et notre décision à nous est claire, c’est une analyse du contexte du moment. C’est à TF1 de décider comment elle entend se projeter dans l’avenir.
FLORENCE COHEN :En tout cas, ce dossier LCI était un test pour le CSA dans la mesure où c’était une façon, quelque part, de déclarer votre indépendance ! François HOLLANDE, on le sait, était très intéressé par ce dossier parce qu’il se dit que BFM TV est un peu hostile au pouvoir, etc. Donc il était plutôt favorable à la gratuité de LCI. Or, elle n’apparaît pas. Vous êtes indépendant ?
OLIVIER SCHRAMECK :Ce sont 2 tests. Le premier, pour répondre directement à votre question, c’est notre indépendance et notre impartialité, qui n’empêchent pas l’écoute et l’échange avec les Pouvoirs publics. Le second, c’est notre capacité à exercer notre rôle de régulateur économique. Nous ne sommes pas sur une optique de simple observateur du « laissez-faire » avec du « laissez-passer ». Nous essayons de contribuer à l’équilibre d’ensemble, dynamique, du secteur audiovisuel qui nous est confié par le législateur.
FLORENCE COHEN : La violence des débats entre les différents patrons de chaîne a pesé sur votre décision ?
OLIVIER SCHRAMECK : Non car nous savons nous en distancier, mais nous souhaitons très vivement qu’un climat d’apaisement règne dans l’audiovisuel car tous les acteurs de l’audiovisuel doivent se fédérer pour faire face à la concurrence internationale, et ils peuvent compter sur nous pour contribuer à une stratégie industrielle en liaison étroite avec les Pouvoirs publics