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Stéphane Richard devant le Sénat : “l’arrivée du quatrième opérateur s’est faite au pire moment ! “
Le 20 mai dernier, Stéphane Richard, PDG d’Orange était entendu par la commission des affaires économiques du Sénat dans le cadre d’un cycle d’audition sur les perspectives économiques des opérateurs télécoms.
Pour Stéphane Richard, "Orange a plutôt bien résisté" et a conservé, "malgré l’arrivée d’un quatrième opérateur", 35 % de part de marché.
Côté rentabilité, le quatrième opérateur a rogné les marges de ses concurrents. Le PDG d’Orange annonce néanmoins avoir "stabilisé, l’an dernier, le taux de marge de l’entreprise à 30 %, ce qui n’est pas comme on l’entend souvent, exorbitant. Il est plutôt dans la moyenne basses des opérateurs dans le monde."
Concernant l’emploi, Stéphane Richard déclare avoir remplacé "trois ans durant, tous nos départs et recruté 11 000 personnes entre 2010 et 2012." Depuis le début de l’année 2013, Orange est néanmoins rentré dans une phase de réduction d’effectif avec les non-remplacements des départs en retraite. Il évoque néanmoins "un plan de recrutement de 5 000 jeunes pour la période 2013-2015."
Mais c’est surtout sur deux dossiers que l’intervention de Stéphane Richard prend de l’importance aux yeux de la Commission des Affaires Économiques du Sénat. Le potentiel rachat de Bouygues par Orange et la concurrence du câble dans le déploiement du très haut débit.
Une compétition déséquilibrée entre le câble et la fibre.
Premier opérateur déployant la fibre jusqu’à l’abonné (FTTH), l’opérateur historique interpelle le sénat sur les conséquences du rapprochement SFR-Numericable. Si ces deux derniers ont déjà été entendus par la commission, Stéphane Richard estime que la concurrence du câble et de la fibre n’est pas équitable sur les dossiers de la régulation et de la fiscalité.
Il plaide ainsi pour "un allègement des contraintes sur la fibre et l’imposition de certaines dispositions au câble." Pour lui, c’est "important si l’on veut que le câble soit un adjuvant plutôt qu’une menace dans le déploiement de la fibre." Il annonce également des coûts de déploiements "six à sept fois moins cher" pour une montée en débit sur un réseau câblé par rapport à un déploiement FTTH. "C’est là un avantage de fait : 300 à 500 € pour la fibre, 50 € pour le câble. Si l’on ne remet pas un peu d’équité, la compétition ne sera pas équilibrée."
Il s’interroge également sur les engagements de co-investissement FTTH pris par SFR pour déployer aux côtés d’Orange.
Il s’en prend également au passage à quatre opérateurs mobiles qui selon Stéphane Richard met également en peril les objectifs de déploiement du déploiement de la fibre d’ici 2020. Pour lui, "l’arrivée du quatrième opérateur s’est faite au pire moment. Les opérateurs censés déployer le réseau fixe sont aussi ceux du mobile et détériorer leurs marges, fut-ce pour redonner du pouvoir d’achat au consommateur, n’est pas sans conséquence."
Bouygues Télécom : un opérateur à racheter
Pour le PDG d’Orange, les conséquences ont surtout été désastreuses pour son concurrent Bouygues que "a provoqué une contraction de marché très violente pour Bouygues Télécom".
Il estime ainsi une nouvelle fois que le marché ne peut pas supporter quatre opérateurs. "Pour Bouygues, il n’y a pas 36 solutions dans un scénario de consolidation : soit un rapprochement avec Iliad-Free soit avec nous". Il estime qu’aucun "acquéreur non-français ne pourrait lui proposer un prix convenable."
De son côté, il annonce que "si nous devions aller dans cette voie ce qui n’est absolument pas décidé à ce stade et qui n’est pas une nécessité pour Orange, nous essayerions de répondre par anticipation sur les remèdes."
Parmi les remèdes envisagés, la cession de base de clients pour que la nouvelle entité Orange-Bouygues ne dépasse pas "un seuil psychologique" estimé par Stéphane Richard à 40 % de part de marché sur le mobile et 45 % sur le fixe. Il considère ce scénario comme "faisable".
Mais pour le moment, rien n’est fait, aucune offre n’a été déposée…