14/12
Bouygues Télécom : chantage à l’emploi et vente à Free sur fond de licenciements
L’annonce ce matin d’une suppression de 1500 à 2000 postes chez Bouygues Télécom, soit environ 20% de l’effectif, a surpris de part son ampleur. Pour autant, le groupe a souvent utilisé le chantage à l’emploi pour servir ses intérêts. Cela a été vrai lors de l’arrivée de Free, quand Bouygues Télécom avait annoncé un plan social (qu’il a mis en application) mais également lorsque l’opérateur a demandé à faire de la 4G sur ses fréquences 1800 MHz. Olivier Roussat, le directeur général de Bouygues Télécom, avait annoncé des centaines d’emplois… qui n’ont jamais vu le jour.
Cette fois encore, pour certains, cette annonce sur le nombre de licenciements serait également destinée à servir les intérêts de Bouygues. « En pleine affaire Alstom, cela s’apparente beaucoup à du chantage à l’emploi » s’énerve-t-on au gouvernement, selon des propos rapportés par La Tribune. « Dès juin 2012, Martin Bouygues avait prévenu Bercy que si l’on ne réglait pas le problème de Free, il y aurait un problème avec Alstom » rapporte à La Tribune un haut fonctionnaire bien au fait du dossier. Un analyste estime pour sa part « Ils font fuiter un gros chiffre de licenciements au début, agitent le chiffon rouge et le diminuent ensuite, pour permettre au gouvernement de dire qu’il a fait plier l’industriel. C’est ce qu’a fait Alcatel-Lucent ».
Mais outre un éventuel chantage à l’emploi, des analystes estiment également qu’il s’agit de rendre la mariée plus belle en vue d’une vente de Bouygues Télécom. « Les investisseurs pourraient voir d’un bon œil la volonté de dégager 120 à 160 millions d’euros d’économies de coûts, en partant de l’hypothèse de près de 2.000 postes supprimés » a calculé Oddo qui estime que cela « faciliterait la cession ». Même à Bercy on relève qu’il y a « plein de candidats prêts à racheter Bouygues Telecom » et que cette vente serait préférable à des licenciements.
Les analystes d’UBS estiment également qu’une vente "est l’option la plus réaliste qu’il reste à Bouygues afin de relever les défis auxquels est confrontée sa filiale télécoms », Iliad la maison-mère de Free étant « l’acheteur le plus crédible ». Ces derniers valorisent Bouygues Télécom à 4,4 milliards d’euros.
Source : La Tribune