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Le discours larmoyant des opérateurs agace le président de l’ARCEP
Interpelé par le PDG de SFR lors d’une keynote du Digiworld de l’Idate ce mercredi, Jean-Ludovic Silicani, président de l’ARCEP s’est encore une fois montré insensible au discours larmoyant des opérateurs français.
Ces derniers, toujours pris dans la rengaine du discours alarmiste d’un secteur des télécoms qu’ils pensent en crise, se sont vus recadrés par le président du régulateur des télécoms français :
"Le secteur des télécoms en France connaît une croissance annuelle de 6 % en volume, c’est bien une croissance, et c’est le secteur de l’économie française qui croît le plus vite."
Chiffres à l’appui, le président de l’ARCEP évoquera des investissements records, " 8 milliards d’euros, hors achat des fréquences" témoin de la solidité financière des opérateurs : "si les opérateurs investissent, c’est qu’ils ont confiance en l’avenir et aux revenus générés par ces investissements. Ils n’investissent pas pour le plaisir, ces dépenses vont initier un nouveau cycle de revenus."
Si Jean-Ludovic Silicani note une baisse significative des revenus et un repli des marges des opérateurs, il estime que celles-ci "restent très confortables, 30 % de marge brute, quel secteur pourrait s’en prévaloir ?"
Il considère néanmoins que le marché des télécoms est entré dans une nouvelle ère avec la 4G et que le marché va s’en retrouver, une nouvelle fois, stimulé :
"En 4G, on peut aller très vite, regardez ce qu’a fait Bouygues Telecom, sa couverture (en pourcentage de la population) est désormais égale à celle d’AT&T aux Etats-Unis. Bouygues Telecom est comme un lièvre qu’on a lâché, c’est un vrai moyen de stimuler le marché et la concurrence"
Face aux demandes des opérateurs concernant un rééquilibrage de la régulation, le représentant de l’ARCEP répond :
"Pourquoi, lorsqu’on propose que certains domaines soient corégulés, voire autorégulés, ces mêmes opérateurs viennent nous voir pour revenir en arrière car bien souvent ils n’arrivent pas à s’entendre ?"
Face aux comparaisons avec le marché américain et les demandes de consolidation du marché, le président du régulateur français va interpeler à son tour les opérateurs : "veut-on comme aux Etats-Unis des forfaits haut débit à 100 euros par mois ? Veut-on prendre le risque de perdre comme aux Etats-Unis des centaines de milliers d’emplois à cause de la consolidation ?"
Le président de l’ARCEP rappellera également qu’à l’échelle européenne "les quatre plus grands opérateurs européens possèdent 65 % du marché européen. Il y a donc bien une concentration de fait. Dire que les opérateurs européens sont des nains face aux opérateurs américains est parfaitement faux. Vodafone et Orange ont autant de clients qu’AT&T et Verizon". Il estime que ces derniers pourraient "utiliser leur taille pour réduire leurs coûts."
Pour lui, la consolidation se fera à l’échelle européenne menée par Bruxelles via le projet de marché unique. Il se dit à ce propos favorable à la mise en place d’un régulateur européen qui aurait la charge de certains dossiers.
Source : Zdnet