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Compte rendu de la rencontre entre la députée Corinne Erhel et les syndicats de Free
Ainsi que nous vous l’annoncions, les représentants syndicaux de Free (CFDT, CGT, SUD et CFE-CGC) ont rencontré mardi la députée Corinne Erhel, auteur du rapport polémique sur l’impact de Free Mobile. Univers Freebox a rencontré les délégués syndicaux qui ont participé à cette rencontre afin de connaitre les points de vue qui ont été échangés. Ceux-ci nous indiquent d’emblée avoir été reçus « dans des conditions cordiales et d’une façon remarquable »
Corinne Erhel a commencé cet entretien en indiquant qu’elle regrettait qu’aucune étude d’impact sur l’emploi et l’investissement n’ait été menée par l’ARCEP, et de préciser que les pouvoirs publics auraient du anticiper l’arrivée de Free. Ce à quoi les syndicats ont répondu que personne n’aurait pu prévoir la commercialisation d’une telle offre. Mais pour la députée, ce n’est pas Free qui serait en cause, mais l’absence de réflexion en termes de filière de la part de l’ARCEP. Une affirmation que les syndicats ont réfuté, indiquant qu’ils estimaient que le régulateur avait joué pleinement son rôle de façon objective et juste, malgré les pressions
Les dividendes des autres opérateurs mis en cause
Au-delà de l’emploi, la députée s’est inquiétée de la capacité d’investissement des opérateurs dans les réseaux, notamment la fibre optique. Les syndicats ont alors indiqué que les bénéfices de Free sont entièrement investis dans les télécoms, alors que ceux des autres opérateurs servent à renflouer les "trous" de leurs autres activités.
Les syndicats de Free, après avoir affirmé leur soutien aux salariés des autres opérateurs et leurs représentants, ont demandé à la députée de se pencher sur les dividendes, puisqu’aucune mention de cet élément n’étant effectuée dans son rapport. Pourtant, il constitue la raison principale qui a motivé les plans sociaux de SFR et Bouygues Télécom. Ils ont également demandé à la députée de réfléchir à une politique qui ne doit pas faire des salariés une variable d’ajustement pour garantir les dividendes à des actionnaires déjà riches et qui demandent davantage. Ils ont enfin indiqué que si Monsieur Bouygues renonçait à la moitié de ses dividendes, cela garantirait la pérennité des emplois qu’il envisage de supprimer.
Message entendu puisque Corinne Erhel s’est engagée à évoquer ce sujet dans son prochain rapport, et a répété que son but était de mesurer l’impact de l’arrivée de Free sur la filière télécom.
Les difficultés d’Alcatel ne sont pas liées à Free selon les syndicats
Après avoir indiqué que le rapport parlementaire sur Free et les sorties du ministre du redressement productif n’étaient pas objectifs, et que les salariés se sentaient agressés, les syndicats ont tenu à rappeler certains fait à propos d’Alcatel Lucent. Ils ont ainsi indiqué que la fusion des deux groupes était une erreur qui a conduit à une guerre interne entre les dirigeants et une absence de stratégie à court terme. Ils ont précisé qu’entre décembre 2006, date de la fusion, et octobre 2007, la valeur de l’action a baissé de 50%. Et que cette fusion a conduit à 5 plans sociaux avec 12 500 licenciements à la clé. Les syndicats ont alors demandé à la députée quel pouvait donc être le lien de cause à effet avec l’arrivée de Free. Cette dernière n’a pu donner d’explication, et a précisé qu’elle n’était pas responsable des déclarations du ministre.
Les difficultés de télécoms liées à la crise, aux trop gros dividendes ou à Free ?
Les syndicats de Free ont demandé à Corinne Erhel comment la commission allait pouvoir distinguer ce qui résulte de la crise économique, de la garantie des dividendes et l’impact de Free sur l’emploi. L’isolation de ces différents facteurs étant compliquée, il est difficile de distinguer l’impact réel de celui supposé.
La députée alors précisé qu’elle vise le régulateur du secteur, elle a répété que son rapport avait été mal compris/interprété. Les syndicats ont alors répondu que le rapport n’avait donne lieu à aucune interprétation de leur part, les mêmes conclusions en ayant été tiré par tout le monde, y compris des analystes et des journalistes spécialisés. Ils ont insisté sur le fait que c’est un rapport qui est clairement anti free.
Etonnamment, Corinne Erhel a répondu qu’elle avait utilisé le conditionnel pour parler de l’impact sur l’emploi, ce qui a fait bondir les syndicats qui lui ont demandé l’intérêt d’un rapport approximatif sans aucune affirmation.
La députée a ensuite donné un nouveau rendez-vous aux délégués syndicaux de Free pour faire le point sur la mission d’information qui lui a été confiée à l’Assemblée Nationale
A noter par ailleurs, que Corinne Erhel a regretté les insultes et les propos inacceptables tenus à son égard après le dernier rapport, qu’elle estime incompris, elle trouve qu’un sujet économique a pris une dimension énorme, et a été surprise du lever du bouclier à chaque fois que l’on parle de Free.
Les syndicats ont bien sûr condamné ces comportements, en indiquant que ces comportements n’émanaient en aucun cas des syndicats et encore moins des salariés de Free.
Pour aller dans ce sens, nous condamnons nous-aussi ces comportements et vous rappelons que les insultes ne font en rien avancer le débat. Un argumentaire bien détaillé sera plus à même d’apporter des éléments de réflexion à la députée, qui sera la rapporteure d’une Mission d’information sur l’impact de la régulation des télécommunications sur l’industrie de ce secteur, créée par la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée Nationale. Nous comptons donc sur vous pour être respectueux dans les commentaires. La députée à indiqué qu’elle avait été choquée par les commentaires de certains sur Univers Freebox.