Orange dévoile « Regain », une vaste réorganisation qui concernera plus de 20 000 salariés

Orange dévoile « Regain », une vaste réorganisation qui concernera plus de 20 000 salariés

Orange lance « Regain », un plan de réorganisation d’ampleur en France. Plus de 20 000 salariés seront concernés dès janvier 2026, avec une refonte des directions régionales et une centralisation accrue. L’opérateur promet aucune suppression de postes, mais les syndicats dénoncent une volonté de réduire les coûts au détriment de la proximité et du climat social.

Orange a détaillé, mardi 16 septembre, son ambitieux projet de réorganisation baptisé « Regain ». Prévu pour entrer en vigueur le 1er janvier 2026, ce plan vise à simplifier l’organisation de l’opérateur historique en France, dans un contexte de marché des télécoms saturé et très concurrentiel. Plus de 20 000 salariés sont directement concernés par cette refonte.

Sur les près de 47 000 employés d’Orange en France, 20 356 verront leur organisation évoluer, selon un document interne de 454 pages consulté par Le Monde. Le projet « Regain » entend « renforcer l’efficacité opérationnelle, la proximité terrain, la simplification des fonctionnements et le raccourcissement des circuits décisionnels ».

Concrètement, Orange veut structurer son activité autour de quatre grandes directions opérationnelles : les clients grand public, les clients entreprises, la technique et l’expérience client. Dans le même temps, les cinq directions régionales actuelles (Paris, Lyon, Toulouse, Lille et Rennes) seront supprimées et remplacées par neuf entités locales de taille plus réduite. L’entreprise estime que ce découpage permettra une meilleure remontée des besoins du terrain.

La direction d’Orange insiste : aucun emploi ne sera supprimé ni délocalisé. Dans le détail, la majorité des salariés concernés (17 010) ne verront pas leur quotidien bouleversé, mais 3 122 devront changer de manager, d’équipe ou voir leurs missions évoluer. Enfin, 224 personnes perdront leur activité actuelle et devront être réaffectées.

Ces chiffres suffisent toutefois à inquiéter les syndicats. Pour Olivier Berducou, délégué central CFDT, ce plan vise surtout à réduire les coûts dans un marché sans croissance : « Il y a une volonté claire de rationaliser ». Même analyse du côté de la CFE-CGC : Sébastien Crozier, son président, estime que la suppression des états-majors régionaux traduit une centralisation des décisions au détriment de la proximité avec les clients et les salariés.

Entre compétitivité et climat social

Le projet Regain n’est pas une surprise. Dès le mois de juin, des premières informations avaient filtré : Orange cherchait à « simplifier son fonctionnement » et à « améliorer ses marges » face à une concurrence accrue et à la pression sur les prix. L’entreprise avait déjà laissé entendre qu’environ 70 % de ses directions seraient concernées, avec un recentrage accru sur Paris.

Mais si la direction met en avant un « climat constructif » avec les représentants du personnel, les syndicats redoutent une dégradation du climat social. Beaucoup de salariés disent déjà souffrir des précédentes réorganisations, comme l’a montré une enquête interne publiée en février sur le stress au travail.

Pour Orange, l’enjeu est stratégique : l’activité française représente 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit près de la moitié des revenus du groupe en 2024. Reste à voir si « Regain » permettra d’améliorer la réactivité et la compétitivité de l’opérateur, sans accentuer les tensions sociales.

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox