Fusion d’Iliad et Wind Tre en Italie : des pourparlers secrets qui pourraient secouer les télécoms
Iliad, la maison mère de Free et l’italien Wind Tre pourraient rapprocher leurs activités en Italie selon des sources proches du dossier. Valorisé à plus de trois milliards d’euros, cet accord ferait passer le nombre d’opérateurs mobiles italiens de quatre à trois et soulèverait des questions de concurrence.
L’arrivée d’Iliad sur le marché italien en 2018 avait bousculé la concurrence. En réponse à la fusion de 3 Italia (groupe CK Hutchison) et Wind Tre autorisée en 2016, Bruxelles avait imposé l’arrivée d’un nouvel entrant pour maintenir quatre acteurs en lice. L’opérateur à bas coût a depuis conquis près de 11 % du marché, loin derrière Wind Tre et ses 24 %. Mais en 2025, l’effervescence autour d’une possible consolidation reflète les limites d’un marché morcelé où les investissements dans la 5G et la fibre pèsent sur les marges.
Des discussions et plusieurs hypothèses sur la table
Selon l’agence Reuters, CK Hutchison étudie un rapprochement entre sa filiale italienne Wind Tre et Iliad Italia. Les échanges restent préliminaires, mais plusieurs scénarios sont évoqués : créer une coentreprise détenue par les deux groupes ou, plus radical, voir Wind Tre racheter Iliad et rémunérer son propriétaire par des actions de la future entité télécoms européenne du conglomérat. La valorisation d’Iliad Italia dépasserait les 3 milliards d’euros et CK Hutchison envisage par ailleurs de scinder ses activités télécoms, valorisées entre 10 et 15 milliards de livres sterling. Pour l’heure, aucun des deux opérateurs ne commente publiquement ces discussions.
Si une fusion permettrait de créer un acteur de taille comparable à TIM et Vodafone, le chemin s’annonce semé d’embûches. Les conditions posées par la Commission européenne lors de la fusion 3 Italia/Wind Tre empêchent toute prise de contrôle d’Iliad par Wind Tre avant 2026. Un rapprochement qui ferait passer le nombre d’opérateurs mobiles italiens de quatre à trois serait donc scruté de près par Bruxelles et par Rome. D’autant qu’Iliad a déjà tenté sans succès de racheter Vodafone Italia et de fusionner avec Telecom Italia : ces échecs illustrent la prudence des régulateurs et la complexité des alliances dans un secteur où l’État est actionnaire du principal opérateur historique.
Un pari stratégique pour Iliad
Pourquoi s’embarquer dans une telle opération ? D’un côté, Iliad renforcerait sa présence avec une part de marché autour de 35 %, pourrait amortir ses investissements grâce à des économies d’échelle et profiter de la puissance financière de CK Hutchison pour accélérer les déploiements. De l’autre, l’opérateur à bas prix prendrait le risque de diluer son image de « trublion » et de perdre une partie de son autonomie. Les abonnés, eux, espéreraient une meilleure couverture et un maintien des tarifs attractifs.
Au final, le dossier est loin d’être bouclé. Les négociations pourraient durer plusieurs mois, et il faudra lever de nombreux verrous réglementaires avant de voir émerger un éventuel champion italo-français capable de rivaliser avec TIM et Vodafone. Le jeu en vaut‑il la chandelle ? Les prochains mois diront si Iliad, après avoir dynamité le marché italien, est prêt à jouer la carte du rapprochement.
Source : Reuters