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Altice : chez Libération ordre est donné de ne pas critiquer son patron sur les réseaux sociaux
Les journalistes du quotidien Libération ont été sommés de ne plus critiquer publiquement sur les réseaux sociaux les manières d’agir d’Altice en ce qui concerne la stratégie pour le futur du titre de presse.
La sommation arrive du “numéro un bis” du journal Libération, Johan Hufnagel. Ce dernier est en partance fin novembre pour rejoindre “un projet personnel et innovant” baptisé LoopSider (une nouvelle offre vidéo en ligne misant sur les réseaux sociaux, qui rappelle un peu le modèle de Brut) aux côtés de Bernard Mourad, l’ancien patron d’Altice Media.
Dans un mail interne qu’a pu lire arretsurimages.net le message est clair “Merci d’arrêter de régler vos comptes avec Altice sur Twitter. Si vous avez des problèmes avec les communications internes du groupe, il y a des instances représentatives pour ça. Merci”. Le 18 octobre dernier, dans son texte d’au revoir publié sur Twitter Johan Hufnagel souhaitait aux équipes de Libé "de continuer à porter la voix d’un journalisme exigeant, indépendant, et libre” et réservait ses derniers remerciements à “Patrick Drahi qui a su apporter à Libération un soutien respectueux de son histoire et de son indépendance”.
Pour la petite histoire, lors du rachat du journal en 2014, les deux co-actionnaires (Bruno Ledoux et Patrick Drahi) s’étaient montrés ambitieux en promettant des investissements. Mais trois ans, un plan social (une centaine de postes) et un déménagement plus tard, les élus du quotidien regrettent une “valse inadmissible des dirigeants, avec pas moins de cinq directeurs généraux différents” dans une communication aux salariés et poursuivent en déplorant “voilà des mois que la direction fait miroiter un plan d’investissement. Un plan pour l’instant obscur, sans enveloppe financière, sans objectifs clairs et sans date de mise en œuvre”.
Alain Weil, directeur d’Altice Media, a présenté le 18 octobre le second projet d’Altice (après "web first") pour le journal baptisé “digital first”. Il devra être mis en place par le futur directeur général et permettre de recentrer les priorités sur le recrutement d’abonnés numériques payants. Mais il est déjà jugé insuffisant par les salariés de Libération. “Les rares engagements ne portent que sur des investissements limités, circonscrits aux domaines techniques et non-rédactionnels”.
Des journalistes ont alors gentiment trollé ce projet sur Twitter. Ils ont également échangé sur l’attribution de statuts différents sur leurs nouveaux badges comme "collaborateur" ou "intervenant extérieur". Tristan Berteloot a commenté, amusé, cette nouveauté "Non mais soyez positifs enfin ! Collaborateur, c’est bien plus flexible ! Ça veut dire que tu peux faire tout plein d’autres choses que journaliste. Perso, je vois ça comme une promotion. Il faut penser flexibilité quoi, merde ! Start-up Nation !".
Visiblement on ne plaisante pas dans le groupe de Patrick Drahi, Altice, depuis le mail interne, plus de commentaires sur Twitter.
source : arretsurimages.com