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Martin Bouygues règle (encore) ses comptes avec Free et l’ARCEP : « L’itinérance, c’est la mère de tous les problèmes ! »
Dans une interview au Figaro, le patron du groupe Bouygues a expliqué une nouvelle fois les raisons qui l’ont poussé à rejeter l’offre de Patrick Drahi (des raisons que nous vous rapportions en détail ce mardi). Après son refus de vendre sa filiale Télécom à SFR, Martin Bouygues a également profité de son exposition médiatique pour, une nouvelle fois, régler ses comptes avec Free et l’ARCEP.
Et encore une fois, ce sont les mensonges et les contradictions qui jalonnent le discours de Martin Bouygues. « L’itinérance, c’est la mère de tous les problèmes. Va-t-on enfin réaliser la catastrophe qu’on a fait vivre à ce secteur ? 50.000 emplois ont été détruits, l’État a été lui-même privé de recettes fiscales considérables à cause de décisions démagogiques. On nous a expliqué il y a cinq ans qu’il fallait ouvrir le marché du mobile à un nouvel entrant. Mais le régulateur, quand il a fixé les règles, a juste «oublié» que ce nouvel entrant était déjà très puissant dans le fixe. Moi, je n’ai pas bénéficié des mêmes avantages pour m’attaquer au fixe à partir de mes positions dans le mobile ! L’Arcep n’a pas non plus jugé utile à l’époque de réaliser des études économiques préalables à ses décisions. C’est un fonctionnement incompréhensible et qui a provoqué des dégâts considérables dont personne n’assume la responsabilité. Bien sûr qu’il y a de la place pour quatre opérateurs sur le marché français, mais seulement si les conditions sont équitables. L’Autorité de la concurrence l’a clairement expliqué dans son rapport rendu en mars 2013 »
Tout d’abord, le chiffre de 50 000 emplois détruits dans le secteur des télécoms est totalement faux, comme l’a indiqué l’INSEE, la référence en la matière, qui a calculé que le secteur avait créé 2500 emplois depuis l’arrivée de Free dans le mobile.
Mais outre ce mensonge, Bouygues Télécom est le plus mal placé pour parler d’itinérance. En effet, dans le fixe, environ la moitié de son réseau dégroupé est en itinérance sur le réseau de SFR, tout comme Free Mobile l’est sur le réseau mobile d’orange. A la différence prèsn que Bouygues Télécom ne développe que très peu son réseau fixe, même s’il dégroupe de nouveaux NRA depuis quelques mois, après plusieurs années d’inactivité (Bouygues Télécom n’a dégroupé que 850 NRA, contre 7448 pour Free et 6829 pour SFR). A contrario, Free déploie relativement rapidement son réseau 3G (qui couvre 75% de la population) et 4G (qui couvrira 60% de la population à la fin de l’année) et est même le seul opérateur à avoir respecté les obligations de déploiement inscrits dans sa licence.
De même, tout comme Free était « puissant dans le fixe » quand il s’est lancé dans le mobile, Bouygues Telecom était puissant dans le mobile quand il est arrivé sur le fixe.
Rappelons enfin, que le contrat d’itinérance 3G entre Free est Orange est de droit privé, tout comme le contrat d’itinérance de Bouygues Télécom sur le réseau fixe de SFR, ainsi que le contrat d’itinérance 4G de SFR sur le réseau Bouygues Télécom ou encore le contrat "d’itinérance" de Bouygues Télécom sur le réseau de Numéricable, ce n’est n’est pas inscrit dans la licence de Free (seule l’itinérance 2G est imposée)
D’ailleurs, la seule fois où l’ARCEP a avantagé un acteur et qu’il l’a reconnu, c’était Bouygues Télécom, lorsque l’Autorité lui a accordé d’utiliser ses fréquences 1800 MHz pour faire de la 4G.
Avec Martin Bouygues c’est "faites ce que je dis" mais surtout pas "ce que je fais"…