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La grogne monte en Lozère, délaissée par les opérateurs
Elus, habitants et syndicats de Lozère font front commun face à la fracture numérique qui pèse sur le département. Grande par la taille mais petite par sa faible population, la Lozère est à la traîne question couverture téléphonie/internet, aussi bien sur les réseaux fixes que sur les réseaux mobiles. Tous estiment que le réseau fixe est un réseau "vieillissant qu’il faudrait changer". La fibre optique pour le moment, ils n’y comptent pas, ces derniers ayant déjà du mal à avoir un opérateur alternatif à Orange sur le réseau cuivre.
Si l’on se réfère au site Stat-Dégroupage, les opérateurs ne se bousculent pas non plus pour dégrouper les 137 NRA qui permettraient aux abonnés de profiter des services triple-play d’un opérateur tiers. Bouygues n’en a pas dégroupé un seul, SFR a installé ses équipements dans 7 d’entre eux pour 32 % des lignes et 11 pour Free et 42% des lignes.
Mais à quoi bon dégroupé un réseau déjà à bout de souffle ? Dimanche dernier, les techniciens d’Orange ont recensé 139 incidents sur le réseau fixe du département. Pour l’un d’eux, "le maximum de dérangement que l’on peut accepter, c’est 90." Un technicien avoue également ne plus aller dans les Cévennes "une zone blanche" pour le mobile, une "opération sous-traitées" pour "les gens qui ont un problème avec leur box".
Du côté des services mobiles, le tableau n’est pas plus idyllique. Concernant la nouvelle technologie de réseaux mobiles, sujet de préoccupation des opérateurs dans leur guerre de couverture, la Lozère est presque oubliée avec seulement 5 supports 4G déclarés pour deux supports actifs, tout opérateur confondu.
Selon les données publiées par l’ANFR pour le mois d’août 2014, il s’agit également du département disposant du moins de support 3G, déclaré comme actif avec seulement 59 supports d’antennes, tout opérateur confondu le tout pour couvrir 5167 Km². A titre de comparaison, les Bouches du Rhône département ayant sensiblement la même superficie que la Lozère dispose déjà de 1327 supports 3G actifs et 813 supports 4G actifs, tout opérateur confondu.
Il est vrai que question population ce n’est pas la même chanson avec 388 habitant du km² pour les Bouches-du-Rhône poser une antenne est plus rentable que de l’installer en Lozère et ses 15 habitants du km². Avec seulement 70 000 habitants, la Lozère est le département le plus touché par la fracture numérique qui au lieu de se résorber avec le plan "France Très Haut Débit" porté par le gouvernement, augmente.
Pour Simon Pla, de l’union régionale CGT fédération des activités postales et télécommunications "tout le monde devrait avoir accès aux mêmes services, et mêmes droits en terme de communication." Pour faire réagir, les collectivités, état et opérateur, le représentant syndicat souhaite que la mobilisation "soit la plus large possible". Vendredi dernier les élus s’étaient également réunis pour envisager des actions communes face à Orange.
Déjà le préfet de la Lozère est mondé au créneau ce lundi annonçant que les collectivités allaient devoir "certainement aider Orange dans ce dossier". Il estime qu’Orange "est bien conscient de la problématique mais les élus comme la population doivent aussi comprendre que les choses ne se feront pas d’un coup de baguette magique." Le dossier reste néanmoins épineux et problématique pour l’ensemble du département. Un chantier gigantesque en perspective avec peu de rentabilité à la clé, autre que celle de ne pas laisser un département à la traîne.
Source ; Midi Libre