11/12
Rachat de SFR : “un joli coup” de raté pour Free, “la vie continue” pour Bouygues
Le scénario devait être idéal, le rachat de SFR au nez et à la barbe de Numericable aurait pu être un sacré retournement de situation dans le monde des opérateurs. Bouygues et SFR fusionnant, l’opérateur, filiale du groupe de construction, aurait pu véritablement se relancer dans les télécoms et passer même temporairement n°1 devant Orange, calife à la place du calife.
Du côté de Free, on se préparait déjà au coup de maître, sans même déposer une offre pour SFR, le quatrième opérateur aurait pu récupérer pour une bouchée de pain des fréquences mobiles de Bouygues ainsi qu 15 000 antennes, une aubaine, pour lui qui avait été mal loti en fréquences et qui peine à déployer son réseau.
Tous les acteurs en présence, à commencer par Bercy soutenait le scénario Bouygues-SFR. Mais comme un pied de nez au destin, depuis vendredi c’est la soupe à la grimace chez les deux opérateurs, c’est Numericable qui est rentré en négociations exclusives avec Vivendi pour SFR.
Du côté du groupe de construction, on relativise l’échec de ces négociations, mieux on positive :
"La vie continue, Bouygues est revenu au centre du jeu et aura un rôle clef à jouer à l’avenir."
Il y a quelques semaines, les analystes estimaient que si Bouygues ne raflait pas la mise pour SFR, il se retrouverait marginalisé sur le fixe et en grosse difficulté.
Du côté de Free, c’est plutôt la frustration d’avoir raté "un joli coup" qui prédomine. Et si cet acte manqué n’était qu’un coup d’essai pour tâter le terrain avec Bouygues Télécom ? Des négociations rapides entre deux opérateurs qui jusque là se détestaient pourraient également changer la donne : "ils ont vu qu’on était pas si mauvais." Free a peut-être déjà repositionner sa stratégie en vue d’engloutir à son tour Bouygues Télécom.
Vilain petit canard des télécoms aux yeux du ministre du Redressement productif, Free espère qu’avec l’offre d’endettement de Numericable, Arnaud Montebourg "va changer de cible maintenant."
Une chose est sûre, ce n’était qu’une bataille, la guerre ne fait que commencer et tous les coups seront permis.
Source : Les Echos