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L’auteur d’une étude qui annonçait 60 000 destructions d’emplois à cause de Free Mobile, estime finalement qu’il pourrait être créateur d’emplois
Le problème avec les études, c’est que l’on peut souvent leur faire dire tout et son contraire, suivant le référentiel dans lequel on se place. L’exemple est donné une fois de plus dans Les Echos où deux économistes opposent leurs arguments quant à l’impact de Free Mobile.
D’un coté Bruno Deffains, a réalisé un scénario dans lequel il table sur la suppression de près de 60.000 emplois. De l’autre, David Thesmar, estime au contraire, qu’il est susceptible d’entraîner la création de 60.000 emplois. Pour ce denier « en abaissant les prix, Free a provoqué un transfert massif de ressources des actionnaires des opérateurs déjà en place vers leurs clients. Les actionnaires ont une faible propension à consommer en France (en particulier parce qu’ils sont en grande partie étrangers). En revanche, les consommateurs recyclent une grosse partie de leurs économies en consommation supplémentaire, ce qui stimule la demande et l’activité. Nous avons cherché à évaluer cet effet, en partant d’une hypothèse conservatrice : une baisse de la facture totale de mobiles pour les consommateurs de 10 %, ce qui représente un transfert d’environ 2 milliards d’euros. Nous examinons ensuite l’impact « keynésien » de ce choc de pouvoir d’achat sur la demande. Il aboutit à court terme à la création de 16.000 emplois, dont plus de 2.000 dans l’hôtellerie-restauration -les gens sortent plus, puisqu’ils ont plus d’argent -et autant dans l’agroalimentaire. »
Bruno Deffains n’est pas opposé à ce scénario et précise que « comme mes collègues, je suis convaincu que sur le marché des mobiles la concurrence aura, à long terme, des effets positifs sur la croissance, l’emploi et la compétitivité. » Il estime cependant qu’à « court terme, la perte nette d’emplois l’emportera : c’est ce que démontre l’étude sectorielle sur laquelle je m’appuie. Au total, selon le scénario de référence, le chiffre d’affaires du secteur chuterait de 6 milliards d’euros, entraînant un risque de destruction d’emplois de l’ordre de 60.000 dans les deux à trois ans.»
Surtout, l’économiste reconnait, comme l’avait pointé Univers Freebox, que le gain de pouvoir d’achat engendré par la baisse des prix du mobile, sera créateur d’emplois dans d’autres secteurs, ce qui n’avait pas été dit dans son étude initiale. « On m’a reproché de ne pas chiffrer tous les effets macroéconomiques » explique Bruno Deffains, « mais ce n’était pas mon objectif. Mes propos concernaient essentiellement les destructions d’emplois dans la filière au sens large. Je n’ai pas fait l’analyse des effets positifs sur le pouvoir d’achat et ses retombées sur l’emploi, qui est précisément ce qu’ont essayé de mesurer Thesmar et Landier dans leur étude. De ce point de vue, on peut dire que nous avons des analyses plus « complémentaires » que « contradictoires ». C’est en ce sens qu’on peut parler d’un processus de destruction-créatrice. Je laisse le soin aux spécialistes de faire le calcul du solde. »