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Free Mobile : Après la guerre des opérateurs, la guerre des économistes
Dans une tribune libre publiée par Les Echos, l’économiste Bruno Deffains, professeur à Paris-II et président de l’European Association of Law and Economics, qui avait réalisé une étude sur l’impact de Free Mobile et calculé que cela détruira 60 000 emplois dans le secteur des télécoms. Un chiffre tellement énorme, que même les syndicats des opérateurs historiques n’avaient pas osé reprendre.
Bruno Deffains tente ainsi d’expliquer, en quoi l’étude commanditée par Free et réalisée par Augustin Landier, de la Toulouse School of Economics, et David Thesmar, professeur à HEC et membre du Conseil d’analyse économique, serait discutable. Si l’économiste ne remet pas en cause le gain de pouvoir d’achat rétrocédé aux français grâce à l’arrivée de Free Mobile (1,7 milliard d’euros), il estime que celui-ci ne sera pas réinjecté dans l’économie de notre pays, mais sera utilisé pour acheter des terminaux, des applications mobiles (AppStore, Google Play, iTubnes, etc…) et des biens électroniques « qui ne créent aucun emploi dans l’économie française, car 100 % de ces biens sont importés ».
« Plus de 1 milliard d’euros de dépenses supplémentaires en terminaux mobiles pourraient être enregistrées à la fin de l’année. En conséquence, près de 70 % du gain de pouvoir d’achat obtenu par la baisse des factures mobiles seront réinjectés sous forme d’achat de terminaux, un secteur non créateur d’emplois pour l’économie nationale. En prenant en compte cet élément, ce sont 10.000 emplois « créés » par le modèle qui disparaissent… » explique ainsi Bruno Deffains.
Un argument qui reste cependant étonnant puisque tous les spécialistes du secteur estiment au contraire que le fait de ne pas avoir de téléphone inclus dans l’abonnement, poussera les français à en changer beaucoup moins souvent. Cela est d’autant plus contradictoire que dans le système de subventionnement des téléphones, une part importante de l’abonnement est, lui, consacré de fait à l’achat d’un terminal fabriqué à l’étranger. L’argumentions de Bruno Deffains mettrait ainsi davantage en cause les abonnements avec téléphone subventionné, que les abonnements SIM Only
La deuxième hypothèse de l’économiste, et que le complément de pouvoir d’achat ne sera pas non plus réinjecté dans l’économie, mais sera épargné par les français. « Au total, une bonne partie du pouvoir d’achat injecté grâce à la baisse de la facture mobile va probablement se répartir entre achats de terminaux et épargne supplémentaire sans créer les emplois escomptés. Il suffit de redresser ces hypothèses pour montrer que la rupture provoquée par un quatrième opérateur mobile ne produira pas les effets positifs attendus dans une économie française déprimée et non compétitive pour la production de terminaux. » conclut Bruno Deffains.
Enfin, l’économiste reprend les arguments des opérateurs historiques, qui dénoncent le fait que le gouvernement précédent n’avait pas réalisé d’étude d’impact sur l’arrivée d’un nouvel opérateur. Comme certains l’ont déjà fait remarquer, le gouvernement n’avait pas non plus réalisé d’étude d’impact sur l’arrivée de Bouygues Télécom dans l’ADSL. Et quand bien même étude sur le 4ème opérateur mobile y aurait-il eu, personne ne connaissait les tarifs qu’allait pratiquer le nouvel opérateur. Une telle étude n’aurait donc pas eu grande valeur sans cette donnée essentielle.
Au final, Bruno Deffains semble tout de même revenir sur ses conclusions initiales de 60 000 destructions d’emploi. Il estime que les emplois que créera Free Mobile (13 000 à l’horizon 2018), pourrait éventuellement compenser les pertes d’emplois dans le secteur des télécoms, mais qu’Il "est difficile de dire dans quel délai cette compensation s’opérera".
Pour confirmer ou infirmer les arguments de Bruno Deffains, vous pouvez indiquer dans les commentaires quelle utilisation vous avez fait des économies réalisées grâce à Free Mobile. Les avez-vous utilisées pour l’achat d’un mobile et d’applications mobiles, les avez-vous épargnées ou les avez vous réinjectées dans votre budget global ?