14/12
Et si Free Mobile n’avait pas existé…
Depuis son lancement, Free Mobile a été accusé de nombreux maux, parmi lesquels la destruction d’emploi chez ses concurrents et même dans tous les secteurs des télécoms, de la distribution, des centres d’appels, des équipementiers, etc.…
Des études contradictoires ont été réalisées sur la sujet, montrant que Free Mobile créera de l’emploi, ou, on contraire, qu’il en détruira. Mais dans un contexte de crise économique, il aurait été intéressant de savoir dans quel état se trouverait le petit monde des télécoms français si Free Mobile n’avait pas existé. Y aurait-il eu moins de plans sociaux ? Les opérateurs auraient’ils perdu moins d’abonnés ? Leur chiffre d’affaires aurait-il augmenté ? Par ce que même sans nouvel opérateur mobile, de nombreux opérateurs ont vu leur chiffre d’affaire baisser en Europe. Selon des données publiées par la FFT, les opérateurs télécoms européen ont perdu 28% de leur valeur entre 2006 et 2012. Une baisse que, pour le coup, on ne peut attribuer à Free Mobile.
L’exemple de l’Espagne est en ce sens symptomatique. Certes, le pays a une situation économique encore moins enviable que la notre, avec près d’une personne sur 4 au chômage, et des salaires qui ont été rabotés ces dernières années, mais le secteur des télécoms ressemble un peu à celui de la France, avec 3 opérateurs principaux qui disposent d’un réseau ainsi que des MVNO. Un autre opérateur plus petit a également été lancé en 2006.
Mais si l’Espagne n’a pas lancé de nouvel opérateur qui a cassé les prix cette année, la situation est bien pire qu’en France. Ainsi, selon les données mensuelles publiées par l’Autorité de régulation (CMT) et reprises par Capital.fr, pour le seul mois d’octobre, l’opérateur Movistar, filiale de Telefonica, a enregistré 284.000 fermetures de ligne. Vodafone, numéro deux du secteur de la téléphonie mobile en Espagne, a perdu 278.000 lignes et Orange 14.870. Les opérateurs mobiles virtuels gagnent, eux, des abonnés, mais cela ne compense pas les pertes chez les opérateurs de réseau. Au total, 486.000 lignes ont été interrompues et le nombre de lignes de téléphonie mobile en service en Espagne a chuté de 3,8% sur un an. "Le secteur de la téléphonie mobile en Espagne ne se redresse pas. C’est le neuvième mois consécutif de recul", note la commission du marché des télécommunications. Les opérateurs ont pourtant tenté d’érayer l’hémorragie, en arrentant par exemple, pour Téléphonica et Vodafone, de stopper la subvention des mobile, mais cela n’a pas suffit pour stopper les pertes d’abonnés.
En France, c’est tout l’inverse qui s’est produit depuis l’arrivée de Free Mobile. En effet, selon l’ACEP, il y a eu une augmentation de 7,4% du parc d’abonnés mobiles au 3ème trimestre 2012, soit l’augmentation la plus importante depuis 10 ans. La France comptait ainsi au 30 septembre 2012, 72 millions d’abonnés mobiles, soit un taux de pénétration de 100,3%.
Alors bien sûr, la situation de l’Espagne ne peut être exactement transposable à la France, le contexte, notamment économique, étant différent. Mais cela montre une tendance, à savoir que quand les consommateurs se retrouvent au chômage, ou que leur pouvoir d’achat diminue, ils n’hésitent pas à sacrifier leur abonnement mobile. En France aussi, le chômage augmente, mais les français ont pourtant davantage souscrit à des abonnements mobiles, du fait de la forte baisse des tarifs. On ne pourra jamais connaitre la situation du monde des télécoms français sans l’arrivée de Free mobile et la baisse des prix que cela à engendré. Mais au regard de ce qui se passe autour de nous, on peut se demander si les opérateurs historiques n’auraient pas vu leurs nombre d’abonnés diminué, alors qu’il s’est plus ou moins stabilisé, sur un an, du fait de la forte augmentation du nombre d’abonnements. Arnaud Montebourg devrait en tous cas étudier sérieusement la question, plutôt que d’assener les raccourcis simplistes que lui soufflent les opérateurs historiques.