TNT : les chaînes TV sentent “un pistolet sur la tempe” face à une hausse des prix de TDF
Les chaînes de télévision françaises sont vent debout contre TDF. L’opérateur, qui assure la diffusion de la TNT, prévoit une hausse importante de ses tarifs, une décision jugée « confiscatoire » par les diffuseurs déjà fragilisés par la baisse du marché publicitaire et la montée en puissance du streaming.
La tension monte dans le paysage audiovisuel français. TDF, le principal opérateur de diffusion de la TNT, est accusé par plusieurs groupes de télévision de vouloir augmenter fortement ses tarifs. Une situation explosive, alors que les chaînes privées et publiques s’apprêtent à renégocier leurs contrats pour les cinq prochaines années.
Tout est parti de la publication, en juin dernier, de la nouvelle offre de référence de TDF. Celle-ci laisserait présager une hausse significative des coûts facturés aux chaînes, selon les diffuseurs. Dans un communiqué, la Filière Audiovisuelle (LaFA), qui regroupe des acteurs majeurs du secteur, dénonce une « flambée injustifiée des prix ». « TDF est en situation de quasi-monopole », s’agace un responsable de chaîne. « À chaque renégociation, les tarifs explosent. Cette fois encore, ils nous mettent le couteau sous la gorge : c’est ça ou rien ! ». Les hausses évoquées varieraient, selon les acteurs, de 15 à 40 %.
De son côté, TDF réfute catégoriquement ces chiffres. L’entreprise assure que ses tarifs sont encadrés et qu’elle agit dans le respect de la régulation. « Nous sommes une entreprise responsable. Les hausses que nous pratiquons ont toujours été inférieures à ce que nous pourrions appliquer. Notre objectif reste la modernisation et la pérennité de la TNT », affirme un porte-parole du groupe.
Le retrait de Canal+ au coeur du débat
L’origine du conflit se trouve aussi dans la sortie des chaînes payantes du groupe Canal+ du multiplex R3 de la TNT. Ce départ a laissé un vide coûteux dans l’infrastructure. L’Arcom, le régulateur du secteur, a pour sa part gelé l’attribution de nouvelles fréquences, estimant que le marché publicitaire actuel ne permettait pas d’accueillir de nouveaux acteurs. TDF plaide désormais pour un réexamen de cette décision, souhaitant relancer un appel à candidatures pour accueillir de nouvelles chaînes ou moderniser le réseau vers l’ultra haute définition. « L’infrastructure a un coût fixe, explique un représentant du groupe. Moins il y a de clients, plus le prix unitaire augmente. » Les chaînes, elles, accusent TDF d’utiliser ce prétexte pour compenser la perte de revenus liée à Canal+.
Cette bataille tarifaire intervient alors que les diffuseurs sont déjà sous pression. Le marché publicitaire est en recul, la concurrence des plateformes de streaming s’intensifie et les marges fondent. Le secteur public n’est pas épargné : France Télévisions doit faire face à une baisse budgétaire de 70 millions d’euros prévue dans le projet de loi de finances 2026.
Selon des estimations internes, cette hausse tarifaire pourrait coûter 3 à 4 millions d’euros à M6, environ 5 millions à TF1 et plus de 5 millions à France Télévisions. « Chaque euro compte. Cette hausse fragiliserait davantage nos équilibres financiers », alertent les groupes de télévision. Autre élément qui jette de l’huile sur le feu : la vente imminente de TDF. Le groupe, détenu par les fonds canadiens Brookfield et PSP Investments ainsi que par le néerlandais APG, prépare la cession de ses parts, tout comme Crédit Agricole Assurances, actionnaire minoritaire. Certains acteurs du secteur soupçonnent TDF de vouloir gonfler artificiellement ses revenus avant la transaction. Une accusation que l’entreprise rejette fermement. « C’est un amalgame sans fondement. L’activité “broadcast” ne représente qu’environ 20 % de notre chiffre d’affaires, et à peine 35 % en incluant la radio », précise la direction, rappelant que la majorité des revenus (près des deux tiers) provient désormais des télécoms.
Source : Le Figaro