Pornographie en ligne : le contrôle de l’âge pas si anonyme, “on avait prévenu”, disent les sites X qui l’appliquent
Le système AgeGo, adopté par certains sites pour vérifier l’âge des internautes, transmet bien plus de données qu’annoncé. Analyse d’AI Forensics à l’appui, il apparaît que l’anonymat des utilisateurs français n’est pas respecté, relançant le débat sur la protection de la vie privée.
Depuis quelques mois, les sites pornographiques accessibles en France doivent obligatoirement vérifier l’âge de leurs visiteurs. Plusieurs solutions techniques ont vu le jour, mais l’une d’elles, AgeGo, soulève de sérieuses inquiétudes en matière de protection de la vie privée.
AgeGo repose sur un cadre légal britannique, beaucoup moins strict que la législation française sur la confidentialité. Résultat : pour les utilisateurs français, l’anonymat n’est pas garanti.
D’après l’ONG AI Forensics, qui a analysé le service, chaque vérification transmet de nombreuses données sensibles :
- le flux vidéo issu de la webcam ou de l’appareil photo du smartphone,
- l’adresse IP,
- le user agent du navigateur,
- ainsi que l’adresse e-mail de l’internaute.

Exemple de fenêtre proposant la vérification d’âge.
Toutes ces informations sont envoyées vers des serveurs hébergés chez Amazon Web Services (AWS), ce qui va bien au-delà d’une simple vérification d’âge.
Face aux pressions répétées de l’Arcom, certains sites ont adopté AgeGo sans avoir le temps de chercher d’alternative. « Ce n’était pas idéal, on l’avait signalé, mais la mise en place s’est faite dans l’urgence », explique à Tech&Co un acteur du secteur, sous couvert d’anonymat.
Quelques solutions existent pour contourner cette vérification : utiliser un VPN payant ou recourir à des DNS spécifiques comme NextDNS, permettant de simuler une connexion hors de France. Mais ces méthodes restent marginales et peu accessibles au grand public, bien que les VPN aient eu droit à un coup de boost lors de la fermeture de Pornhub en France.
Une alternative plus respectueuse de la vie privée pourrait émerger avec l’application européenne de vérification d’âge, annoncée pour l’été 2025. Conçue pour être conforme aux législations des différents pays, elle n’est toutefois pas encore disponible.