Orange, Free, SFR, Bouygues et les autres opérateurs européens réclament une baisse urgente du prix des fréquences mobiles
Dans un nouveau rapport, la GSMA, association internationale représentant les intérêts de plus de 750 opérateurs mobile dans le monde, estime que la facture des fréquences a été multipliée par trois en dix ans en Europe et pèse désormais 8 % des revenus des fournisseurs de téléphonie mobile. En revoyant sa copie sur les renouvellements de licences, le Vieux Continent pourrait libérer jusqu’à 30 milliards d’euros pour accélérer la 5G standalone et préparer la 6G. Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free sont directement concernés.
La GSMA tire la sonnette d’alarme : « Les coûts totaux du spectre ont fortement augmenté au cours des dix dernières années et représentent désormais 8 % des revenus récurrents des opérateurs mobiles », indique l’organisation dans son rapport “Tarification et renouvellement du spectre en Europe”. Selon de nouveaux calculs de l’association, la politique actuelle de tarification et de renouvellement des fréquences pourrait coûter 105 milliards d’euros aux opérateurs européens d’ici 2035. En assouplissant ces règles, jusqu’à 30 milliards d’euros pourraient être économisés et réorientés vers les réseaux.
Pour la GSMA, cette réforme est urgente. Aujourd’hui, seuls 2 % des Européens utilisent des services 5G standalone (5G+), contre 77 % en Chine et environ un quart aux États-Unis. « Fournir une connectivité de haute qualité aux citoyens européens et améliorer la compétitivité du continent nécessite beaucoup d’investissements que de nombreux opérateurs peinent à sécuriser ou à justifier », prévient John Giusti, directeur général des affaires réglementaires de l’association.
Concrètement, la GSMA estime que des économies de 20 à 30 milliards d’euros sur les renouvellements permettraient de financer la bascule de tous les réseaux 5G actuels vers la 5G SA, avec à la clé des débits jusqu’à 23 % plus élevés et jusqu’à 75 milliards d’euros de PIB additionnel sur la prochaine décennie. Plus de 500 licences doivent être renouvelées en Europe dans les dix ans, principalement sur les bandes servant aujourd’hui la 3G et la 4G pour 470 millions d’utilisateurs de l’internet mobile.
Les quatre opérateurs français, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free (groupe iliad), tous membres de la GSMA et engagés dans des initiatives communes comme GSMA Open Gateway, sont en première ligne de ce plaidoyer, eux qui ont déjà consenti des milliards pour acquérir leurs fréquences 4G et 5G.
La GSMA appelle les pouvoirs publics à « être plus ambitieux dans leur approche des renouvellements » et à ne plus considérer le spectre comme une « manne » budgétaire. Elle recommande notamment de sécuriser les opérateurs via des renouvellements automatiques ou de longue durée, de simplifier les procédures (extensions administratives plutôt que nouvelles enchères systématiques), de ne pas réserver de fréquences à de nouveaux entrants ou à des usages trop localisés, et de renouveler les licences suffisamment en amont pour donner de la visibilité aux investissements.
Enfin, l’association prévient que les décisions prises aujourd’hui pèseront directement sur la 6G. L’Europe devra garantir au moins 2 GHz de spectre de bande moyenne d’ici 2030, et jusqu’à 3 GHz en 2035, pour éviter les congestions. Avec une tarification plus soutenable des fréquences et un cadre réformé dans le cadre du futur Digital Networks Act, la GSMA estime que le cycle d’investissement pourrait être relancé et permettre au continent de se rapprocher des standards mondiaux en matière de connectivité.