Depuis mai 2024, la France a franchi un cap dans sa lutte contre le piratage en imposant des blocages directement aux fournisseurs de DNS comme Google, Cloudflare ou Quad9. Une approche inédite qui, selon plusieurs acteurs du web, pourrait fragiliser le fonctionnement même d’Internet.
Jusqu’ici, pour lutte contre le piratage, les ayants droit (Canal+, beIN Sports, DAZN…) concentraient leurs efforts sur les sites illégaux en les faisant bloquer par les fournisseurs d’accès à Internet. Mais face aux contournements de plus en plus fréquents elle vise désormais les fournisseurs de DNS, comme Google, Cloudflare, Cisco ou Quad9. Ces services, qui traduisent les adresses web en adresses IP, sont désormais sommés de bloquer l’accès à certains sites pirates. Une mesure inédite, mais jugée inquiétante par les défenseurs d’un Internet neutre, qui y voient une dérive transformant des acteurs techniques en censeurs involontaires.
Pour les ayants droit, la logique est simple : si les utilisateurs utilisent le DNS pour contourner les blocages, il faut agir à la source. Mais pour les défenseurs du web ouvert, cette stratégie revient à transformer des acteurs purement techniques en arbitres du contenu, au risque d’atteindre la neutralité du réseau.
Face à la justice française, Quad9, fournisseur de DNS à but non lucratif, ne dispose pas des ressources des géants américains. Sa mission : fournir un service DNS gratuit, sécurisé et respectueux de la vie privée. Mais confrontée à l’obligation de bloquer certains sites, la fondation a dû appliquer la mesure à l’échelle mondiale, faute de pouvoir la limiter à la France. Une conséquence directe d’une décision nationale aux effets globaux. Rendant son service forcément moins intéressant, malgré une démarche louable.
Dans un communiqué publié en octobre 2025, Quad9 évoque une « menace existentielle » et s’interroge : « Les infrastructures techniques neutres doivent-elles être responsables des actions d’autrui ? ». Les effets concrets de ces ordonnances se font déjà sentir. Cisco a préféré retirer son service OpenDNS du marché français, jugeant les contraintes trop lourdes. Google et Cloudflare, eux, peuvent se permettre de filtrer localement leurs serveurs pour rester en conformité. Résultat : seules les grandes entreprises disposent des moyens nécessaires pour se plier à ces décisions. Selon Quad9, « en s’en prenant à l’infrastructure technique, on déplace la ligne de front au cœur même d’Internet ». “Au lieu de cibler ceux qui profitent réellement de la violation du droit d’auteur, les tribunaux s’en prennent aux intermédiaires neutres qui font simplement fonctionner Internet”, affirme la fondation.
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