Fibre : inquiétude et indignation autour de l’annulation brutale des 150 millions d’euros d’aides de l’Etat

Fibre : inquiétude et indignation autour de l’annulation brutale des 150 millions d’euros d’aides de l’Etat

Après les opérateurs, InfraNum tire à son tour à boulets rouges sur l’Etat et sa décision d’appliquer des coupes budgétaires menaçant la poursuite du plan France Très haut débit et le raccordement à la fibre des centaines de milliers de foyers français.

Une très mauvaise surprise pour les opérateurs d’infrastructures et les collectivités. La semaine dernière, le gouvernement a dévoilé plusieurs coupes budgétaires pour limiter le déficit public en 2024 en taillant notamment dans le financement du plan France Très haut débit dont l’objectif est d’apporter la fibre à tous les Français à l’horizon 2025. L’Etat compte ainsi amputer de quasiment 38 millions les 96 millions de crédit d’engagement soit environ 40% de ce qui était prévu. Pire encore, 117 millions de crédits de paiement se retrouvent également annulés.

Aujourd’hui, la filière de la fibre “qui n’a pas été concertée, manifeste son indignation et son incompréhension face à la restriction drastique du budget alloué au numérique : plus de 20% des crédits qui étaient dus aux collectivités locales cette année ne seront finalement pas versés avant 2025 au mieux”, se désole la fédération InfraNum qui regroupe plus de 200 entreprises représentatives de l’ensemble des métiers de la filière des Infrastructures du numérique.

Selon elle, l’État en tant que cofinanceur des projets de réseaux d’initiative publique, “place ainsi les collectivités locales maîtres d’ouvrage, leurs opérateurs délégataires de service public et toutes les entreprises intervenant sur les chantiers face à une équation insoluble : quel projet bénéficiera des fonds promis ? quelle entreprise sera payée ? sur quelles trésoreries cette décision pèsera-t-elle ? est-il sérieux de prendre une telle décision pour l’année en cours alors que ces projets sont planifiés sur plusieurs années ?”.

Dans l’optique d’alerter sur les dangers d’une politique des infrastructures numériques amoindrie, InfraNum dénonce “l’irresponsabilité d’une décision unilatérale qui remet en cause les principes fondateurs du plan France Très Haut Débit, gage de son succès depuis 10 ans : balayer d’un coup de crayon la concertation entre l’Etat, les collectivités et les industriels n’est pas une méthode acceptable ; le risque d’exclure du Très Haut Débit des centaines de milliers de foyers, soit des millions de Français, infirme toutes les promesses prises et répétées depuis 10 ans par le gouvernement.”

Et il faut l’avouer, le chemin est encore long pour parachever le déploiement de la fibre comme par exemple finaliser les raccordements longs et complexes, notamment en zone rurale, ou encore rendre raccordables chaque année un nombre croissant de nouveaux bâtiments (+ 400 000) mais aussi mettre en place des mécanismes efficaces pour la résilience des réseaux d’initiative publique et accompagner la fermeture du réseau cuivre.

La filière sera également impactée par une autre décision de l’Etat, celle de diminuer les aides dédiées aux centres de formation, en particulier concernant l’alternance. “Cela interroge alors que, en dépit d’une volonté forte de renforcer l’attractivité de nos entreprises, les besoins en personnel restent élevés et devraient s’accroitre dans les prochaines années jusqu’à atteindre + 33 000 ETP d’ici 2030”, précise la fédération.

« Les impératifs économiques auxquels la France fait face ne justifient nullement d’amputer aussi brutalement et sans la moindre concertation la stratégie nationale partagée entre tous les acteurs. Face à cette méthode inadmissible, nous avons pris bonne note avec satisfaction de la volonté de notre secrétaire d’État, Marina Ferrari, de trouver les meilleures solutions pour que cette décision ne sonne pas comme un renoncement à notre ambition collective », a commenté Philippe Le Grand, Président d’InfraNum.

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox