Free : Xavier Niel attaque le plan d’arrêt du réseau cuivre d’Orange et la hausse du prix du dégroupage

Free : Xavier Niel attaque le plan d’arrêt du réseau cuivre d’Orange et la hausse du prix du dégroupage

Auditionné ce 22 mars par la Commission des affaires économiques du Sénat, Xavier Niel a prôné une fermeture plus rapide du réseau cuivre d’Orange tout en montant au créneau face à la hausse du prix du dégroupage perçue comme “une formidable rente pour Orange”.

La transition de l’Adsl vers la fibre, un chantier de taille qui nécessite une régulation adaptée à l’heure où Orange est en position de quasi-monopole sur le cuivre. La fin de cette technologie est déjà actée, l’opérateur historique prévoit d’arrêter la commercialisation de nouvelles lignes en 2026 puis procédera à l’arrêt du cuivre progressivement par plaque jusqu’en 2030.

S’il prône depuis plusieurs années une fermeture rapide en l’échange d’une stabilité du prix du dégroupage avec Orange, Free hausse le ton aujourd’hui. Auditionné ce 22 mars par la commission des affaires économiques du Sénat, son fondateur Xavier Niel a martelé que le plan de l’opérateur historique n’est “pas assez ambitieux, la fermeture en volume technique commencera trop longtemps après la fermeture commerciale, à la vitesse où va Orange, la moitié des lignes cuivre seront toujours en exploitation.” Et d’ajouter ne pas comprendre “ce qui nous empêche d’éteindre rapidement les grandes villes.”

A ses yeux, ce calendrier considéré comme trop étendu va dans le sens d’Orange pour une raison majeure, l’Arcep a décidé d’augmenter le prix du dégroupage. Une ligne ADSL utilisée par Free, SFR ou Bouygues Telecom devra être payée 10.04€ contre 9.65€ précédemment. Cette décision du régulateur est en faveur de l’opérateur historique qui pourrait en tirer profit au grand dam de la concurrence.

C’est une hérésie pour Xavier Niel : “ce qui est proposé, c’est déréguler Orange dans les zones fibrées sans pousser à une extinction rapide du réseau, c’est une erreur globale pour la France de laisser 5 ans entre le moment où on annonce fermer une zone et la fermer réellement. Dans le même temps, on nous dit que sur ces mêmes zones, on va augmenter le prix du dégroupage pour subventionner Orange. Mais s’il a un problème dans ces zones, qu’il éteigne le cuivre”, a-t-il lancé.

Pour Free, rien ne justifie donc une hausse du prix du dégroupage lorsque le cuivre n’est pas arrêté. “C’est une formidable rente de situation pour Orange avec une technologie obsolète. Plus de recettes pour Orange ce n’est pas l’inciter à fermer son réseau. La recommandation de l’UE est une stabilisation du prix, d’ailleurs aucun pays ne l’a augmenté”. Aujourd’hui, les abonnés des opérateurs alternatifs migreraient plus rapidement leurs abonnés vers la fibre que l’ex-France Télécom. Xavier Niel appuie ses propos en rappelant que l’ADSL chez Orange (Sosh) est 10€ moins chère que la fibre.

Le 16 mars, le directeur général d’Iliad, Thomas Reynaud s’est également montré agacé par la situation lors de la présentation des chiffres annuels du groupe : “une hausse c’est l’effacement de la capacité de financement des opérateurs alternatifs, pour augmenter le dividende de l’opérateur historique, il ne faut se tromper de combat, et ne pas reproduire les erreurs du passé, c’est injustifié”.

Augmenter le prix du dégroupage un an seulement avant l’arrêt du cuivre

Une dérégulation trop rapide et mal encadrée, fait craindre de nombreux bouleversements à Free. L’opérateur propose aujourd’hui une hausse du dégroupage un an avant l’arrêt réel du réseau cuivre et non 5 ans comme proposé de quoi empêcher Orange de “garder le cuivre plus longtemps, voire d’augmenter les tarifs.”

Selon Xavier Niel, rendre le prix des offres ADSL plus élevés que les abonnements fibre, est un non sens, et ce n’est pas la solution. La sienne est plus frontale : “Quand on déploie une zone en fibre optique, 80% des personnes vont prendre un abonnement spontanément, c’est facile, ils vont en voir l’intérêt et basculeront aussi lors d’un déménagement. Il y a 10% des foyers avec qui on va devoir travailler mais on va réussir à les convaincre.Et il y a des irréductibles sur 10 à 15% en fonction des zones, eux ne veulent pas basculer aujourd’hui et quitter l’ADSL car ça marche, le seul moyen constaté selon des études, c’est l’extinction du cuivre. ll faut donc éteindre le plus rapidement possible le réseau, pour une migration contrainte parfois, mais aussi pour l’impact énergétique et optimiser l’investissement”.

 

 

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox