14/12
Canal+ prêt à sacrifier la neutralité du Net au nom du financement du cinéma français
C’est à l’occasion d’une rencontre avec la SACD la société des Auteurs Compositeurs et Dramaturges que Rodolphe Belmer, directeur général de Canal Plus a mis un coup de pied dans la fourmilière de la neutralité d’internet.
La raison invoqué est simple, protéger l’exception culturelle française. A quelques mois de la renégociation des accords entre le cinéma et la télévision et cette fameuse "chronologie des médias", à quelques mois de l’arrivée de Netflix sur le marché français, Canal+ voudrait que soit entièrement repensé le modèle, les obligations et les avantages des groupes audiovisuels dans le financement de la création des oeuvres françaises. Pour lui, avec l’émergences des nouveaux modes de consommation de contenus sur la toile, plus "à la demande", "plus personnalisés" et moins "collectifs", le modèle "protégé et rentable" n’est plus et doit être intégralement rempensé.
Si Canal+ concède que "le monde audiovisuel est condamné à s’ouvrir à la concurrence internationale", il estime que si "nous voulons continuer à être attractifs, il nous faut investir dans des programmes français de haut niveau, avec des stars et une grande qualité d’écriture. On aura ainsi une offre distinctive au standard mondial, qui nous protégera de tous ces nouveaux acteurs."
Outre l’amélioration de la qualité des programmes, selon la SACD, "les télévisions françaises demandent aussi aux pouvoirs publics d’autres avantages qui les rendent plus attractives et donc plus compétitives par rapport aux nouveaux acteurs américains." Ces dernières envisageraient ainsi de démander aux pouvoirs publics d’obliger les FAI à "garantir un OTT de bonne qualité aux groupes locaux qui financent la création audiovisuelle française".
A la différence de Netflix aux Etats-Unis qui poussent à la déréglementation et la possibilité de pouvoir payer un FAI pour disposer d’une bande passante garantie, ce que demandent les télévision française, Canal+ en chef de file, est de mettre à mal la neutralité du Net au nom de l’exception culturelle française et de la protection des oeuvres.
C’est également pour l’un des groupes français les plus investis dans la création audiovisuelle de bénéficier d’un avantage déterminant dans sa guerre à couteaux tirés avec Netflix sur la toile.