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Bruno Lasserre (Autorité de la Concurrence) fait un point complet sur Free Mobile.
Interrogé dans le Figaro, Bruno Lasserre, président de l’Autorité de La Concurrence revient lui aussi sur "une année de Free Mobile", sur les rumeurs de fusion, le contrat d’itinérance Free-Orange ainsi que le conflit qui oppose Free aux géants du web.
Pour Bruno Lasserre, l’arrivée de Free Mobile a relancé la compétitivité et le pouvoir d’achat des consommateur dans le secteur des télécoms.
"Les télécoms ont connu une année exceptionnelle. Dès 2005, quand nous avions sanctionné le cartel des mobiles, l’arrivée d’un quatrième opérateur nous avait déjà paru nécessaire. L’arrivée de Free Mobile a créé beaucoup de turbulences et même d’effervescence : mais je fais le pari que, sur le long terme, elle apparaîtra comme un instrument efficace pour créer de l’emploi, de la croissance et améliorer la compétitivité du pays. Mais il faut se donner du temps : les effets s’apprécient sur dix ou quinze ans.
C’est bénéfique aux consommateurs qui gagnent en pouvoir d’achat. C’est favorable aux entreprises clientes dont la facture télécoms baisse. Mais c’est aussi bon pour les concurrents qui sont poussés, par l’émulation, à innover davantage. N’oublions pas non plus les effets d’entraînement sur les filières amont et aval. Sur le long terme, les mesures protectionnistes ont toujours eu un impact défavorable sur l’emploi. D’ici à quelques jours, nous rendrons un avis sur les opérateurs mobiles virtuels (MVNO), afin de vérifier qu’ils disposent, dans cette nouvelle donne, d’un espace économique leur permettant de continuer à animer la concurrence, car ils gardent un rôle à jouer.
Si le président de l’Autorité de la Concurrence est catégorique sur la nécessité de rester à 4 opérateurs, Bruno Lasserre n’est pas contre d’autres formes de collaboration entre opérateurs : "Le retour à trois opérateurs n’est pas souhaitable. En revanche, les opérateurs peuvent mutualiser leurs réseaux, déployer ensemble pour réduire leurs coûts et aller ainsi couvrir des zones moins rentables du territoire. Ce modèle économique a très bien marché dans les câbles sous-marins où les opérateurs construisent l’infrastructure au sein d’un consortium, et se font ensuite concurrence dans la commercialisation. Nous rendrons un avis sur tous ces sujets au gouvernement fin février."
Concernant le contrat d’itinérance entre Orange et Free, le président de l’Autorité de la Concurrence rendra également un avis fin février concernant la limite dans le temps d’un tel accord.
Enfin concernant l’Adagate et le conflit Free-Google, Bruno Lasserre rejoint l’avis de Fleur Pellerin (ministre de l’économie numérique) en approuvant le fond tout en dénonçant la forme :
"Free pose de bonnes questions, celui du partage de la valeur entre les géants du Net tels que Google, Apple, Amazon, Microsoft et les opérateurs qui investissent dans les réseaux. C’est difficile pour les entreprises de protester, car c’est prendre un risque élevé tant les géants du Net sont puissants.[…] Nous poursuivrons cette action en 2013 en nous intéressant à l’écosystème fermé des applications mobiles. Nous allons vérifier que les fabricants de terminaux et les géants du Net n’imposent pas, par la présence d’applications ou des contraintes tarifaires, des usages de consommation captifs. Il faut veiller à ce que les consommateurs ne soient pas enfermés dans de nouveaux monopoles. L’Europe ne doit pas perdre non plus la bataille des applications : elle doit rester un lieu où l’on peut innover sur les usages mobiles, notamment dans la santé, les moyens de paiement…"
Source : Le Figaro