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Doit-on préserver la vie privée sur Internet ?
Sur la toile, les blogs et réseaux sociaux constituent une mine d’informations de caractère privé qui peuvent parfois causer du tort. La création d’un "droit à l’oubli numérique" est l’objet d’une proposition de loi sénatoriale portée par les sénateurs Anne-Marie Escoffier et Yves Détraigne.
Sur la toile, les messages restent et peuvent parfois porter préjudice. Géant stockeur numérique, Internet est un outil parfois pervers. Le commentaire grossier posté à l’adolescence sur un blog peut ressurgir lors d’un entretien d’embauche. Ainsi la peine ne s’efface jamais d’où l’instauration d’un droit à l’oubli numérique. L’idée semble louable mais reste difficile à appliquer sur le plan juridique, technique et moral.
Sur le plan juridique, les lois européennes sont claires : on ne peut utiliser les informations personnelles d’un individu sans son consentement préalable. Dans les faits, la négociation semble requise avec le géant Google et rien n’est gagné à entendre la première déclaration d’Eric Schmidt, PDG du moteur de recherche sur le sujet : « Si vous voulez que personne ne le sache, c’est peut-être déjà que vous n’auriez pas dû le faire ». Face a la pression des internautes aux acteurs du web, Google a ramené à neuf mois la durée de vie des logs de recherche mais cela reste trop long pour la CNIL et ses homologues européens qui recommandent une durée de 6 mois. La loi Informatique et Libertés de 1978, renforcée en 2004, pose le principe de droit d’accès aux données des particuliers détenues par les sites internet et assortit d’un droit de rectification qui s’applique difficilement dans la pratique.
Le serpent qui se mord la queue
Halte à la censure pour certains, respect des règles essentielles de la vie privée pour les autres, il ne sera pas facile d’effacer les informations présentes sur les mille milliards de pages présentes sur la toile aujourd’hui.
Du point de vue du président de la CNIL, Alex Türk, la législation nationale a ses limites puisque les géants du net sont américains. Les règles doivent s’appliquer à l’échelle de la planète. Dans l’aire du tout gratuit qui repose essentiellement sur la publicité, les données personnelles sont de l’or pour les sociétés du web qui peuvent ainsi mieux cibler les messages commerciaux destinés aux internautes. Du coup, la crainte de la censure entre dans le débat. Le massmédia s’efface devant les flux média personnels qui assurent l’existence des réseaux sociaux du web. Sans mémoire, la réécriture de l’histoire serait envisageable. Ainsi, les spécialistes de la « e-reputation » peuvent refaire la virginité de toute personne sur la toile. Le garde fou de l’oubli numérique pourrait créer ainsi un nouveau marché.
Devant toutes ces contraintes, la technique pourrait régler définitivement la durée de conservation des données par un système de fichiers auquel serait associé une date de péremption pour rendre les données inutilisables. Sauf qu’il est difficile d’explorer tout les serveurs.