Piratage IPTV : un manque à gagner de 400 millions d’euros, 8 millions de boîtiers circulent et bientôt beaucoup plus
Une estimation qui illustre l’ampleur de l’IPTV en France, une popularité qui impacte inévitablement l’économie du football français.
Le piratage IPTV n’est plus seulement un phénomène massif : il est désormais chiffré. Comme le révèle L’Equipe, des experts mobilisés par DAZN estiment aujourd’hui que la fraude représenterait 400 millions d’euros, soit quasiment le montant des droits TV annuels de la Ligue 1. Une estimation qui confirme l’ampleur du problème au moment où le modèle économique du football français reste fragile.
DAZN, qui a échoué à installer l’année dernière durablement son offre en France (la faute aussi à sa politique tarifaire et sa communication ), pointe depuis longtemps un piratage « intensif » ayant freiné la progression du service. Résultat : la plateforme n’a jamais dépassé les 700 000 abonnés, loin des attentes, avant de jeter l’éponge après une seule saison, indemnisant la LFP à hauteur de 85 millions d’euros.
Lors du Marseille–PSG du 22 septembre dernier sur Ligue 1+, plateforme de LFP Media qui a repris les droits du championnat (sauf 1 match), plus d’un million d’abonnés officiels étaient connectés… mais des foules entières de pirates suivaient aussi le match, soulignent nos confrères. De quoi peser lourdement sur les recettes attendues par les diffuseurs et donc par les clubs.
L’un des experts missionnés, Philippe Dewost, détaille : 8 millions de boîtiers IPTV circulent aujourd’hui en France, et probablement 9 millions d’ici la fin de l’année, soutenus par une forte demande pendant les fêtes. À 50 € par an, le calcul est simple : « Il y a des dizaines, des centaines, des milliers de flux illégaux récupérés et réencodés », explique l’expert, évoquant des réseaux internationaux sophistiqués et difficiles à démanteler. Malgré quelques victoires judiciaires, les actions de la LFP et de l’Arcom restent dérisoires face à l’ampleur du phénomène.
La conséquence est directe : moins d’abonnés pour les plateformes légales, moins de revenus, et donc moins de droits TV redistribués aux clubs. LFP Media, a fixé l’objectif de 2,25 millions d’abonnés d’ici la quatrième saison, le service compte aujourd’hui plus 1 million d’utilisateurs.
Tous modes confondus, sites de streaming illégaux, IPTV etc, la consommation illicite de contenus audiovisuels et sportifs a couté à l’économie française 1,5 milliard d’euros en 2023, selon un rapport de l’Arcom publié l’année dernière.