Les opérateurs européens face à la nécessité complexe de s’unir pour survivre face aux géants mondiaux

Les opérateurs européens face à la nécessité complexe de s’unir pour survivre face aux géants mondiaux

Des alliances émergent entre les opérateurs européens, mais on est encore loin d’un marché consolidé avec toujours une centaine d’opérateurs se partageant l’ensemble du marché des télécoms européen. Face à des obstacles importants aux fusions d’opérateurs, des partenariats de circonstances sont de rigueur pour faire face aux géants américains et mondiaux.

La rivalité pour recruter des abonnés n’empêche pas l’alliance pour éviter de se faire distancer par la concurrence à l’échelle mondiale. Les opérateurs européens font face à “trop d’obstacles réglementaires” pour qu’un véritable marché unique des télécommunications soit créé, annonçait le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton. La facilitation des fusions est pourtant réclamée de longue date par le secteur, dans le but de dégager des marges de financement pour les réseaux à travers le continent.

Si la situation pourrait se débloquer avec la publication, il y a peu d‘un Livre blanc ouvrant le débat sur le sujet pour préparer une réforme de ces règles, les opérateurs européens ne restent pas sans attendre et font de leurs concurrents sur le Vieux Continent leurs alliés à l’échelle mondiale sur d’autres secteurs d’activités. Des alliances industrielles se multiplient sur des projets dépassant leurs coeur de métier, comme l’IA ou la publicité numérique. Alors que le rendez-vous mondial des télécoms, le Mobile World Congress, a démarré lundi à Barcelone, certains donnent déjà le ton comme José Maria Alvarez-Pallete, directeur général de Telefonica : “l’heure est venue de collaborer plus étroitement entre les télécoms, les Big Tech, les agrégateurs, les développeurs logiciels et toutes les industries.” La PDG de Vodafone explique même qu’à son sens, les opérateurs doivent “abandonner l’idée de vouloir tout faire” et se concentrer sur les partenariats.

Ainsi, Deutsche Telekom s’allie avec E& et plusieurs opérateurs asiatiques (SoftBank, Singtel et SK Telecom) pour développer une joint-venture afin de développer des modèles de langage adaptés aux besoins des télécoms et ce dans plusieurs langues. Une manière de ne pas avoir à se reposer sur les géants américains comme Open AI ou Google pour l’intelligence artificielle. Dans ce même secteur, une “AI for RAN alliance” a aussi été créée lundi, qui vise à utiliser l’intelligence artificielle pour des recherches scientifiques en vue d’améliorer les réseaux mobiles. Elle regroupe des acteurs importants spécialisés dans différentes activités comme Nokia, Ericsson, Microsoft, Nvidia ou encore T-Mobile.

Des alliances ont également émergées dans d’autres secteurs : Orange, Telefonica, Deutsche Telekom et Vodafone se sont ainsi lancés ensemble dans la publicité numérique l’année dernière avec Utiq. 47 opérateurs du monde entier ont créé la Open Gateway Initiative, qui vend des lignes de codes à des développeurs pour qu’ils développent des applications avec les capacités technologiques des opérateurs et non seulement celles de Meta, Google ou Apple. Mais la pression se fait ressentir et la nécessité de consolidation aussi selon plusieurs opérateurs, la mutualisation des investissements permettrait d’en soulager certains. Malgré des premiers gages comme le futur Digital Networks Act qui entend créer un marché unique des télécoms ou l’autorisation de fusion entre Orange et MasMovil en Espagne avec des conditions assez contraignantes, l’Union Européenne reste frileuse, craignant que ces fusions ne se répercutent sur le prix des abonnements.

Source : Les Echos

 

 

 

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