Orange chercherait d’abord la rentabilité pour déployer la fibre optique, l’Arcep et les maires enragent

Orange chercherait d’abord la rentabilité pour déployer la fibre optique, l’Arcep et les maires enragent

Le déploiement de la fibre est ralenti depuis plusieurs trimestres maintenant et Orange n’y est pas pour rien. Il choisirait les zones les plus faciles à raccorder d’abord, malgré son retard sur ses engagements.

“Une histoire de gros sous” assure le délégué général de l’Avicca Ariel Turpin. Alors que l’opérateur historique est encore loin d’avoir fibré 92% des villes moyennes, ce qui devrait être fait depuis 2 ans selon ses engagements avec le Premier ministre en 2018, le compte est loin d’y être.

Seuls 89% des locaux sont raccordés d’après les derniers chiffres de l’Arcep et on observe même un ralentissement depuis plusieurs trimestres. “Il faut remonter à 2014 pour observer une progression trimestrielle aussi faible” affirme le régulateur. L’opérateur historique avait pourtant déjà été mis en demeure, puis menacé d’être affiché au vu de l’urgence de la situation.

En effet, Orange doit fermer le réseau cuivre d’ici à 2030 et cela ne peut pas être fait sans que la fibre soit disponible là où l ‘extinction est prévue. Dans les zones moins denses, la patience est de mise et les collectivités locales en ont marre. À titre d’exemple, l’installation est au point mort depuis 2020 dans la communauté d’agglomération de Sarreguemines, dans le Grand Est. Seule la moitié des communes est fibrée et Orange se heurte à un obstacle : sa volonté de planter 1300 poteaux fait l’objet d’une opposition de la part des élus.

Plutôt que d’utiliser les poteaux existants, ils en veulent des neufs. Il faut qu’Orange assouplisse ses règles“, souligne Jean-Bernard Barthel, vice-président de l’agglomération. D’autres cas sont également délaissés, et selon Ariel Turpin, “Orange ne fibre pas les lieux trop compliqués à raccorder, comme les zones pavillonnaires ou les secteurs classés“. Il affirme que le problème est financier pour Orange : “une prise rapporte environ 500 euros à Orange, mais un raccordement complexe peut lui coûter jusqu’à 130.000€”. Difficile alors d’atteindre une rentabilité sans laisser des Français sur le banc.

Le groupe pour sa part estime que ce rythme est à imputer au manque de ressource : selon Nicolas Guérin, secrétaire général, il faudrait 2000 sous-traitants de plus. Il reconnaît par ailleurs avoir privilégié les prises les plus faciles à déployer : “nous avons d’abord fait du volume“. “Si les pouvoirs publics ne sont pas contents, il ne fallait pas privatiser“, ajoute-t-il.

Face aux critiques, il rétorque qu’il faut “arrêter de hurler en disant que c’est scandaleux, c’est un exploit” et que le plan France THD reste un succès en France, en avance sur les autres pays.

Source : Challenges

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Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox