“Pour ceux qui ne comprennent pas ce qui empêche d’éteindre l’ADSL dans les grandes villes”, l’Avicca répond frontalement à Xavier Niel

“Pour ceux qui ne comprennent pas ce qui empêche d’éteindre l’ADSL dans les grandes villes”, l’Avicca répond frontalement à Xavier Niel

Aucune grande ville n’est aujourd’hui couverte à 100% en fibre optique, le réseau cuivre d’Orange ne peut donc y être fermé. A la suite de l’audition de Xavier Niel le 22 mars devant la Commission des affaires économiques du Sénat, l’Avicca tient à mettre une nouvelle fois les opérateurs devant leurs responsabilités.

“Certains acteurs se sont récemment émus de ne pas comprendre pourquoi le réseau cuivre de l’opérateur historique était éteint prioritairement dans les petites communes et non pas dans les grandes villes. Bon, puisque les statistiques publiées par l’Arcep et les analyses régulièrement publiées par l’Avicca semblent trop énigmatiques, on tente une nouvelle approche”, sans le citer l’Avicca a décidé mettre les points sur les i avec Xavier Niel le 24 mars, au lendemain de l’audition mouvementée du fondateur de Free devant la Commission des affaires économiques du Sénat. Cette séance a par ailleurs été le théâtre de certaines tensions entre le magnat des télécoms et le sénateur de l’Ain, Patrick Chaize, également président de l’Avicca.

Au cours de celle-ci, le patron d’Iliad a multiplié les coups de gueule et les attaques, notamment envers l’Ifer mobile, la hausse du prix du dégroupage avec l’Arcep à la botte d’Orange, ou encore face au plan d’arrêt du réseau cuivre jugé pas assez ambitieux et trop lent : “la fermeture en volume technique commencera trop longtemps après la fermeture commerciale, à la vitesse où va Orange, la moitié des lignes cuivre seront toujours en exploitation. On ne comprend ce qui empêche d’éteindre rapidement les grandes villes,” a-t-il déclaré.

En réponse à cela, l’association des collectivités engagées dans le numérique, rétorque qu’aucune commune n’est aujourd’hui  intégralement couverte en fibre optique par les opérateurs privés en zone très denses contre 11% en zone AMII et 25% en zone d’initiative publique (collectivités locales).

“La totalité des “grandes” villes est située en zone d’initiative privée et la plupart d’entre elles en zone très dense. Cela tombe bien : si un opérateur privé veut vite fermer le cuivre dans les “grandes” villes, il peut vite y déployer lui-même les locaux non encore couverts en fibre optique ! Allez, allez, il faut vite se lancer, il ne reste que, oh, pas grand chose”, ironise l’Avicca. A titre d’exemple, il reste encore 109 545 prises à raccorder à Marseille, 55 551 à Paris  ou encore 39 347 à Toulouse. Il faudra donc parachever totalement les déploiements avant de songer à éteindre le réseau cuivre dans les grandes agglomérations.

En septembre 2022, l’Avicca avait déjà fait part de points d’inquiétude sur le déploiement de la fibre dans les zones très denses, l’Arcep ne cesse d’ailleurs de rappeler les lenteurs constatées. Il n’y a toujours “aucune perspective de complétude. C’est la parfaite illustration des conséquences du désengagement progressif des opérateurs à déployer de nouvelles prises sur cette zone. Iliad/Free s’est désengagé le premier, avec une moyenne mensuelle de 800 nouvelles prises FttH raccordables ces 8 dernières années. Côté SFR, sur la même période, la moyenne mensuelle est de 2300 prises, et ce chiffre n’est même plus atteint en moyenne trimestrielle. Quant à Orange, si l’opérateur historique conserve encore une capacité de production, celle-ci fond bien trop rapidement. Le résultat de ce désengagement est logique : la complétude de la zone très dense est à l’arrêt, le solde net (construction de nouvelles prises FttH – construction de nouveaux logements) est de 60 000 nouvelles prises FttH. A titre d’illustration, c’est le nombre de locaux non encore raccordés à la fibre pour la seule ville de Paris.” Les communes de la zone très dense pourraient ainsi, avec celles des zones AMEL (être les dernières où le réseau cuivre d’Orange pourra être fermé.


Nombre de locaux non raccordables à la fibre dans les grandes villes françaises 


Marseille : 109 545

Paris : 55 551

Toulouse : 39 347

Montpellier : 33 712

Lille : 27 951

Nantes : 27 737

Aix-en-Provence : 25 365

Strasbourg : 24 648

Nice :  21 580

Nancy : 21 145

Nîmes : 21 068

Clermont-Ferrand : 19 985

Bordeaux : 19 947

Lyon : 16 053

Cannes  : 16 049

Toulon : 15 051 l

Rouen : 13 669

Perpignan : 13 657

Saint-Étienne : 13 344

Besançon : 12 564

Angers : 12 495

Le Havre : 12 422

Rennes : 11 375

Amiens : 10 108

 

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox