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Pour Stéphane Richard, Martin Bouygues aurait dévéloppé une sorte de paranoïa à l’égard de Xavier Niel, qu’il n’a jamais réussi à surmonter
Le naturel sociable de Stéphane Richard n’aura pas suffit à marier Orange et Bouygues Télécom. Car dans ce parcours du combattant, un obstacle était plus haut que les autres : la personnalité de Martin Bouygues.
Et c’est pourtant bien lui qui est venu trouver le patron d’Orange le 27 novembre dernier pour lui proposer un rapprochement. Stéphane Richard se souvient d’ailleurs : "C’est la première fois que je le voyais sans cravate" et son interlocuteur lui assure ne pas être vendeur, ne pas vouloir de cash, mais il veut devenir un actionnaire influent d’Orange, sans chercher à prendre le pouvoir. Martin Bouygues veut assainir le marché français des télécoms déchiré depuis 4 ans par la baisse des prix et des égos.
Le patron d’Orange semble enthousiaste : "Il se trouve que la seule combinaison possible était Orange et Bouygues. La seule, aussi, qui permette à Martin de poursuivre l’aventure des télécoms. Je suis pragmatique et opportuniste. La porte s’est ouverte, j’ai décidé de foncer, parce que malgré les risques, malgré la complexité de l’affaire, j’ai jugé que trop de choses étaient en jeu, et que le deal serait, pour nous, positif".
Mais le 1er avril dernier, c’est l’échec et avec le recul Stéphane Richard refuse de désigner un seul responsable : "La psychologie de Martin Bouygues a beaucoup joué, reconnaît-il. Sur le fond, comme sur la forme, il a eu d’une part le sentiment d’être mal accueilli, maltraité par l’Etat. Et puis il y a surtout cette sorte de paranoïa qu’il a développée à l’égard de Xavier Niel, et qu’il n’a jamais réussi à surmonter. Ce sentiment-là, la crainte d’être floué, l’a insécurisé tout au long des négociations". L’entourage de Stéphane Richard est encore plus dur : "Martin, c’est un peu la femme dont vous êtes fou amoureux, que vous vous apprêtez à épouser, et qui envoie tout valser la veille du mariage parce que le plan de table ne lui plaît pas ! Ce type ne sait pas ce qu’il veut. À un moment donné, Stéphane a forcément dû se demander s’il était très malin de l’asseoir à son conseil… "
Source : Les Echos