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Les fusions-acquisitions dans les télécoms pourraient dépasser les frontières : Bouygues et Free en danger ?
Après les rapprochements nationaux, l’IDATE parie sur des rapprochements internationaux d’opérateurs. En ce début d’année, les fusions et acquisitions dans les télécoms, le numérique et les médias battent des records de transactions dans le monde.
En Europe, alors que certains plaident pour une concentration d’acteur avec une centaine d’opérateurs pour couvrir le même nombre d’abonnés que les Etats-Unis ou la Chine, la Commission Européenne plaidait jusque là pour conserver 4 opérateurs dans chaque pays.
Mais pour Didier Pouillot, directeur business unit stratégies de l’IDATE, la tendance aux fusions et acquisitions dans les télécoms va s’amplifier en Europe. Plusieurs dossiers sont déjà sur le feu : le rachat presque entériné de SFR par Numericable en France, les rachats de câblo-opérateurs par Vodafone ou encore le probable rachat de E-Plus par Téléfonica en Allemagne. Didier Pouillot imagine que la concentration des acteurs "va se faire en deux temps assez rapprochés : après les consolidations nationales comme en France, on passera sans doute à des consolidations transfrontalières".
Il revient également sur la spécificité du modèle franco-français des télécoms, Numericable venant bouger les lignes en rachetant SFR. Même si à la différence du Royaume Uni "qui n’a que des internationaux" comme O2, Vodafone, Téléfonica et EE (Orange+ Deutsche Telekom), la France dispose d’Orange "qui figure parmi les opérateurs les plus internationalisés d’Europe, et trois opérateurs nationaux."
Néanmoins, malgré les interventions du gouvernement sur le statut fiscal de Numericable ou le blocage par le gouvernement du rachat de Dailymotion par Yahoo, la porte ne sera pas fermée longtemps aux opérateurs internationaux et certains équipementiers sont déjà agacés du favoritisme "Made In France" préconisé par Arnaud Montebourg. Pour eux, l’Europe "a un rôle important à jouer dans le futur des télécoms, […] et à besoin d’être une arêne ouverte. L’écosystème européen devrait être vivace et ne pas s’arrêter aux frontières" estime le patron d’Ericsson.
Si les frontières s’ouvrent, la situation de Bouygues Télécom pourrait se retrouver au centre des appétits de certains opérateurs, comme Vodafone ou de Carlos Slim, 2nd homme le plus riche du monde propriétaire d’América Movil. Ce dernier qui lorgne vers l’Europe depuis longtemps pourrait s’offrir Bouygues pour une bouchée de pain et mettre un pied en Europe. Reste à savoir quelle serait la place de Free, face à trois mastodontes présents dans plusieurs pays, à l’heure où la commission Européenne veut faire tomber les frontières pour les télécoms ?
Si la Commission Européenne donne son feu vert à la fusion d’O2 et E-Plus en Allemagne, Steve Perrin associé, chez PwC France, estime que ce précédent "constituerait un signal fort." Les OPA et projets de rachats, à quelques mois d’un "marché unique Européen des Télécoms" pourraient se multiplier pour être suffisamment puissant lorsque les barrières du roaming seront tombées en décembre 2015.
Source : Usine Digitale