14/12
Les concurrents de Free ravis de sa mise sous surveillance par le gouvernement
Alors qu’Orange estime que ce sont SFR et Bouygues qui sont visés par le plan télécom du gouvernement, ces derniers y voient, eux, des mesures anti-Free.
Didier Casas le secrétaire général de Bouygues, a ainsi indiqué à l’AFP "Le gouvernement, manifestement, a compris que le secteur des télécoms connaissait une situation difficile, en particulier en raison des conditions dans lesquelles le quatrième opérateur Free Mobile est entré sur le marché". Et d’ajouter "Il souhaite s’attaquer à la racine des difficultés et a compris que la première origine de ces difficultés est que le secteur est organisé de telle façon que les entreprises ne peuvent plus investir, notamment en raison de l’itinérance"
Une vision des choses que semble partager le gouvernement puisqu’une source proche de celui-ci a indiqué aux Echos « Il faut s’assurer que les règles du jeu soient les mêmes pour tous les opérateurs. Nous voulons vérifier que Free est bien dans un modèle d’investissement. Le gouvernement considère d’abord que « en dehors des zones les moins denses du territoire, le déploiement par chaque opérateur de son propre réseau doit être la règle, y compris pour le dernier entrant » Les investissement de chaque opérateur seront ensuite comparés par un observatoire des investissements dans les réseaux « sur la base d’une nomenclature commune ». Une demande des opérateurs historiques qui accusent Free de compter dans ses investissements l’achat de box et d’investir peu dans le réseau.
Le gouvernement, qui a indiqué dans son train de mesures, que l’accord d’itinérance « ne saurait servir de modèle économique », a même saisi l’Autorité de la concurrence afin qu’elle en fixe les limites. Les ministres Montebourg et Pellerin semblent tellement suivre à la lettre les préconisations de Bouygues, qu’un opérateur a ironisé en indiquant aux Echos que « le gouvernement Ayrault vit une idylle avec Martin Bouygues". Même à l’ARCEP on estime que ce plan du gouvernement est un « communiqué anti-Free ». Chez Free, « on fait profil bas » indique Les Echos. L’opérateur considérant lui aussi que le communiqué du gouvernement n’est pas spécialement amical à son égard.
On peut tout de même s’étonner de ces réactions, y compris celle de Free. Il a toujours été prévu que l’accord d’itinérance ne serait que transitoire et Free a des obligations de couverture comprises dans sa licence :
27% de la population au 10 janvier 2012
75% de la population au 10 janvier 2015
90% de la population au 10 janvier 2018
Dans tous les cas, Free n’a donc d’autres choix que de construire son propre réseau et de ne plus passer par celui d’Orange. Free rappelait d’ailleurs en mars dernier « son engagement à poursuivre son déploiement afin d’atteindre au plus vite une couverture maximale de la population. Il s’agit d’un impératif économique, l’itinérance étant une alternative précieuse mais coûteuse. A ce jour, Free Mobile a confié à ses prestataires et à TDF la recherche et la construction de plus de 6 000 sites équivalents à la couverture de plus de 75% de la population. Environ 1 000 sites sont actifs c’est-à-dire construits et allumés et pour l’essentiel accueillant du trafic. A fin 2012, Free Mobile disposera de plus de 2 500 sites actifs. A noter que Free rencontre de grandes difficultés à accéder aux sites propriétés de certains opérateurs historiques qui multiplient les exigences techniques et économiques pour éviter l’accueil d’un concurrent.
Environ 400 millions d’euros ont été engagés à ce jour dans le déploiement du réseau mobile. A cette somme s’ajoutent 518 millions d’euros d’achat de fréquences. Les investissements réseau vont bien sûr se poursuivre sur les années à venir pour atteindre un total cumulé d’un milliard d’euros environ en 2018. Comme dans l’ADSL et la fibre ces dernières années, Iliad investit donc fortement dans son réseau mobile afin de respecter ses engagements, de sécuriser son modèle économique et d’assurer son indépendance. Dans ce cadre, les effectifs d’Iliad ont augmenté de 1 500 salariés en France ces douze derniers mois. L’arrivée de Free Mobile conduit d’ailleurs les opérateurs historiques à accélérer leurs déploiements 4G. »
Source : Les Echos