Clin d’oeil : “ici haie en danger, enterrez nos lignes, pas nos arbres”, la colère d’agriculteurs face à la fibre en aérien

Clin d’oeil : “ici haie en danger, enterrez nos lignes, pas nos arbres”, la colère d’agriculteurs face à la fibre en aérien

La fibre en aérien sème la zizanie dans le quotidien et les esprits des agriculteurs dans l’Orne désormais forcés d’élaguer leurs haies plus souvent à leurs  propres frais.

Lassés de voir Orange installer des poteaux dans leurs haies afin de passer sa fibre, un groupement d’exploitants agricoles monte aujourd’hui au créneau dans les lignes du Parisien. Ceux-ci déplorent la destruction de leurs arbres au profit de la fibre.

Passionné de la nature, l’un d’entre-eux crie au scandale : « J’ai grandi avec les arbres. C’est mon paysage depuis toujours. Je n’avais même pas 19 ans quand j’ai planté mes premiers talus. J’aime ça. Mais soudain, sans qu’on nous ait prévenus, je me retrouve avec des poteaux installés par Orange en plein milieu de mes haies. Tout est fait en dépit du bon sens. Il aurait juste suffi de les planter de l’autre côté de la route. Mais non, ils suivent le tracé prévu dans un bureau, sans se demander s’il y a des enjeux environnementaux. »

D’autres mettent en exergue par ailleurs le caractère ironique de la situation, les élus les ont incité à planter des haies en les subventionnant, mais « tout à coup la fibre devient plus importante que les arbres ». Au-delà de l’aspect environnemental de la mobilisation, s’ajoute également l’impact financier.

Les poteaux installés par l’opérateur historique obligent désormais les agriculteurs à élaguer plus souvent leurs haies comme la loi l’exige. En effet, lors d’un déploiement de la fibre optique passant par l’aérien, en zone rurale ou montagneuse, des opérations d’élagage peuvent s’avérer nécessaires en raison de la végétation abondante.

Dans le cas d’un terrain privé, c’est en principe au propriétaire de faire procéder, à ses frais, aux opérations d’élagage. Il doit en effet “permettre le bon déploiement d’un réseau projeté” et “éviter que la végétation n’endommage le réseau”. Si le propriétaire est défaillant ou s’il existe une difficulté technique en particulier, l’opérateur peut décider de procéder aux opérations d’élagage. Ces dernières restent malgré tout aux frais du propriétaire du terrain.

Cet entretien a donc un coût : « on les taillait tous les cinq ans. Ça nous coûtait plusieurs milliers d’euros. Mais la vente du gros bois nous permettait d’amortir ce coût. Avec ces nouveaux poteaux, on est obligés d’élaguer tous les ans. C’est 1 000 € à chaque fois à notre charge, et dans ce cas, le bois est trop petit pour être valorisé », déplore le groupement d’exploitants agricoles.

De son côté, le conseiller départemental en charge du numérique Jérôme Nury (LR) se montre agacé par ce mouvement de contestation rappelant les agriculteurs à leur obligation tout en mettant en avant  la couverture numérique « exceptionnelle »de ce département rural, même s’il se dit défenseur des talus. Pas certain que les exploitants décident de retirer leur pancarte : « ici haie en danger, enterrez nos lignes, pas nos arbres ».

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox