Avec Kyutai, Xavier Niel pense que la France peut “à elle seule, se hisser parmi les leaders mondiaux de l’Intelligence Artificielle”

Avec Kyutai, Xavier Niel pense que la France peut “à elle seule, se hisser parmi les leaders mondiaux de l’Intelligence Artificielle”

Après avoir investi dans un supercalculateur, Iliad a co-fondé un laboratoire dédié à la recherche sur l’IA qu’il a présenté hier. Pour Xavier Niel, c’est une première étape pour faire de la France l’un des pays les plus influent dans le secteur.

Ma conviction est qu’on n’entreprend rien sans optimisme. Et un peu de naïveté.” Et l’optimisme était de rigueur lors de la présentation de Kyutai vendredi dernier durant la conférence ai-Pulse. Le projet fondé conjointement par le Groupe Iliad, le Groupe CMA CGM et Schmidt Futures est le 1er laboratoire d’initiative privée européen dédié à la recherche ouverte en intelligence artificielle. Pour le fondateur de Free, la création d’un écosystème européen de l’IA est le premier objectif de cette initiative.

Si Xavier Niel reconnaît dans une interview accordée à la Tribune un certain retard de l’Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine, il le juge pour autant “tout à fait rattrapable. Je pense que la France, à elle seule, peut se hisser parmi les leaders mondiaux de l’IA“. Il compte notamment sur les talents français formés par des écoles comme Polytechnique et l’ENS Paris-Saclay, qui avaient l’habitude de partir aux USA ou ailleurs faute de perspectives alléchantes sur le territoire hexagonal. “Mon but consiste à les retenir ici. Ou à les inciter à revenir. Dans les deux cas, concevoir un écosystème complet était indispensable. Nous l’avons construit, en investissant massivement avec nos partenaires américains traditionnels, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros” explique-t-il.

Pour être attractif aux yeux des chercheurs, il faut proposer une bonne rémunération et Xavier Niel ne s’y trompe pas : ces dernières “seront équivalentes à celles qu’ils percevraient hors de France, y compris aux États-Unis. Certains talents qui rejoignent Kyutai viennent des GAFAM. Ce choix repose également sur la liberté totale dont ils bénéficient ici : pas de hiérarchie semblable à celle en vigueur dans les grands groupes.” Si d’autres initiatives étrangères comme OpenAI aux USA ou Aleph Alpha en Allemagne ont levé des sommes très impressionnantes, le créateur de Free s’annonce confiant pour lever plus de 500 millions via des start-ups françaises, voire plus d’un milliard d’euros. “Dans ce domaine, seule la phase de recherche est consommatrice de ressources, de surcroît sans assurances sur les retombées économiques. Une fois que les systèmes d’IA fonctionnent, lever des fonds n’est plus un problème” explique-t-il.

Interrogé sur les premières tentatives de régulation de l’intelligence artificielle, Xavier Niel s’adresse directement aux institutions : “j’ai envie de dire aux régulateurs : laissez-nous quelques mois pour rattraper notre retard et innover. Avant de réguler. L’Europe doit être un espace de liberté, pour l’instant.” Une position qui semble soutenue par le président de la République, qui a indiqué dans une vidéo préférer l’idée de “réguler les usages, davantage que les technologies en tant que telles“. Emmanuel Macron a également appelé la France à “suivre la même voie commerciale” que les USA sur le domaine de l’IA, rejoignant la position de Xavier Niel sur le potentiel français pour prendre de l’importance.

 

 

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox