Les boutiques d’Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom de plus en plus attaquées, des mesures pour y faire face

Les boutiques d’Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom de plus en plus attaquées, des mesures pour y faire face

Les smartphones sont la cible de plus en plus de voleurs qui hésitent de moins en moins à braquer ou cambrioler les boutiques des opérateurs.

Entre Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, la France compte près de 2000 boutiques de télécoms qui présentent en vitrine un butin alléchant. Plusieurs braquages ont eu lieu ces derniers mois à Paris mais également dans d’autres villes comme Saint-Nazaire ciblant les opérateurs directement. Aucun n’y réchappe et le sujet est très sensible, tous reconnaissent une recrudescence des attaques ces dernières années.

Orange est le seul à communiquer sur le nombre de boutique braquées, soit dix en 2022 contre huit l’année précédente. Un représentant syndical d’un opérateur confie au monde que ces boutiques sont “moins sécurisés, les magasins de téléphonie sont devenus les nouvelles banques pour les braqueurs“. Le butin de prédilection n’est pas vraiment la caisse, mais la réserve de smartphone , notamment les marques haut de gamme.

Le directeur général du réseau de boutique de SFR Cyrille Trollat fait par ailleurs le lien entre « la recrudescence des braquages et l’augmentation du prix de ces terminaux, passé, pour l’iPhone haut de gamme par exemple, de 1 000 à 1 500 euros en cinq ans ». C’est d’autant plus le cas durant les fêtes de fin d’années, puisque les stocks regorgent de smartphones pouvant servir de cadeaux. Si les smartphones sont normalement inutilisables une fois volés puisque les fabricants peuvent les bloquer à distance, certains spécialistes peuvent outrepasser cette mesure et sont parfois simplement revendus tels quels à prix cassé à des acheteurs qui ne se doute de rien.

Un policier parisien précise par ailleurs qu’il ne s’agit pas de grand banditisme, malgré une organisation ce sont les actes de petites bandes. Mais les opérateurs doivent réagir et renforcent la sécurité de leurs boutiques. SFR par exemple a installé des boutons-poussoirs sur le comptoirs pour avertir un service de sécurité privé. De même, les portes des boutiques jugées “à risque” ne peuvent être ouvertes que de l’intérieur par un vendeur de façon à éviter qu’une personne casquée puisse entrer. Dans certains cas des vigiles sont également placés à l’entrée des des boutiques, même s’ils peuvent ne pas suffire à éviter les braquages.

« Les agents de sécurité ont un droit de retrait, et ne vont pas risquer leur vie pour un téléphone » , rappelle Denis Lauxire, secrétaire du CSE de la Générale de téléphone, une filiale d’Orange qui exploite plus de 230 boutiques en France. Des interventions ont tout de même permis de déjouer ces attaques.

Cyrille Trollat quant à lui se questionne et interroge sur l’aspect des magasins devenus attirants tant pour les clients que pour les voleurs. Serait-il nécessaire de mettre en place “des mesures plus drastiques : limiter les stocks au maximum, avertir que les téléphones de démonstration, que l’on nous arrache aussi parfois, sont inutilisables, et que ceux en réserve peuvent être bloqués”. Cette alternative est soulevée du fait que rajouter de la sécurité dans les boutiques pourrait entraîner des actions plus armées ou violentes de la part des braqueurs.

Des attaques qui impactent également les salariés, qui peuvent par peur aller jusqu’à quitter le commerce ou au mieux demander à changer de boutique. « Un braquage est un vrai traumatisme pour ces salariés » , constate Geoffrey Boulard, maire (LR) du 17 e arrondissement de Paris. Ainsi, un contrat de prévention et de sécurité doit être signé en classant pour la première fois les vendeurs de boutiques de téléphones comme personnes vulnérables, comme c’est le cas pour les bijoutiers.

Ainsi ils seront formés par des policiers qui expliqueront comment réagir en cas d’attaque. “Nous leur conseillons de ne surtout pas tenter d’intervenir, mais d’être attentifs au moindre indice qui nous permettrait d’identifier les auteurs : son de la voix, corpulence, signe distinctif, en plus d’éventuelles empreintes ou traces d’ADN”  et les opérateurs eux-même incluent des formations proposant ces types de scénarios mais également d’autre moments de tensions.

En effet, si les braquages sont impressionnants ce ne sont pas les seules agressions que peuvent subir les employés de ces boutiques. Les clients également peuvent user de mots ou de gestes violents à leur égard. « Nous constatons, comme de nombreux commerces, une augmentation des incidents et des incivilités en boutique. Il n’y a pas de zone géographique identifiée, ni de profil client particulier » , reconnaît-on chez Bouygues Telecom. Si des stratégies existent pour éviter l’escalade, cela est parfois suivi du renforcement du point de vente sur divers points : l’agencement de la boutique, le choix des comptoirs voir la création d’un endroit protégé où le personnel peut se replier au besoin…

Source : Le Monde

 

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox