Obligation de la TNT, financement… M6 veut bousculer l’audiovisuel en France face à une réglementation “intenable”
Le patron de M6 veut que le secteur soit réformé : TNT, financement de la création, règles éditoriales… Tout y passe dans ce “new deal” qu’il réclame.
Alors que M6 signe sa meilleure rentrée depuis quatre ans, son président du directoire, David Larramendy, estime que le cadre réglementaire de l’audiovisuel français n’est plus adapté aux mutations du secteur. « Notre industrie fait face à une transformation des usages, mais aussi à la concurrence frontale des plateformes américaines. Dans ces conditions, le statu quo dans lequel nous sommes, avec une réglementation qui a été pensée il y a quarante ans, est intenable. », assène-t-il dans les pages du Monde. Fort de ce constat, il appelle désormais à un « new deal » global.
Le dirigeant identifie trois chantiers prioritaires. Le premier consiste à assouplir les règles éditoriales, notamment sur les radios musicales. Larramendy interroge ainsi la pertinence de maintenir des quotas de chansons françaises « alors que les auditeurs ont tout loisir d’écouter ce qu’ils souhaitent sur les plateformes de streaming ». Selon lui, ces contraintes n’ont plus de raison d’être dans un marché totalement bouleversé.
Deuxième axe : la diffusion. Moins de 20 % des téléspectateurs utilisent encore la TNT pour recevoir les chaînes du groupe. Pourtant, son coût ne cesse d’augmenter, « car elle est gérée par un opérateur en situation de quasi-monopole ». Il fait ici référence à des tensions déjà connues avec TDF. M6 demande donc la possibilité de « lever l’obligation de couverture du territoire national quand on peut remplacer la TNT par un autre mode de réception, satellite ou câble ». Une manière, selon Larramendy, de préserver un modèle économique mis sous tension, tout en continuant à croire à l’avenir de la TNT « sous réserve que son coût baisse drastiquement ».
Troisième volet : le financement de la création. Le groupe reste taxé à 5,15 % de son chiffre d’affaires pour le CNC, un mécanisme jugé vertueux dans son principe, mais devenu trop lourd pour les opérateurs historiques. « Pour le pérenniser, j’ai la conviction qu’il faut diminuer la pression sur les opérateurs historiques privés », affirme Larramendy, qui souligne que le budget du CNC a fortement augmenté depuis l’arrivée des plateformes étrangères. À travers ce « new deal », M6 plaide finalement pour une remise à plat de règles pensées à une autre époque et devenues, selon lui, un frein dans une industrie où les usages explosent et où la concurrence internationale s’intensifie.