Fibre optique : prises de becs entre l’Arcep, la filière et les collectivités sur fond de malfaçons

Fibre optique : prises de becs entre l’Arcep, la filière et les collectivités sur fond de malfaçons

Le débat s’est échauffé lors d’une rencontre entre le régulateur des télécoms, les opérateurs et acteurs du déploiement de la fibre optique et des représentants de collectivités. Sans surprise, les raisons de la colère tournaient autour de la qualité du déploiement.

Hier s’est tenu une grande conférence à Paris à l’initiative de l’Arcep réunissant les acteurs majeurs des télécoms. L’évènement nommé “Territoires connectés” a également rassemblé des représentants des collectivités locales. Outre diverses interventions d’acteurs, c’était également l’opportunité pour les participants de débattre et encore une fois, les problèmes de malfaçons sur les réseaux de fibre ont occupés une grande partie des débats.

Un pouvoir de sanction trop peu utilisé ?

Le problème est bien connu de l’Arcep, qui a déjà adressé le sujet plusieurs fois en appelant notamment les opérateurs à réagir et à mieux encadrer les sous-traitants. Laure de la Raudière, présidente du régulateur, a ainsi fait les frais de l’ire des représentants de collectivités touchés par des incidents à répétition, ces derniers appelant à faire preuve de davantage de sanction. Parmi eux, Patrick Chaize, sénateur et président de l’Avicca qui a rappelé le dépôt de son projet de loi visant à renforcer les pouvoirs de l’Arcep dans les litiges concernant le déploiement de la fibre optique.« Encore faudra-t-il en user, sinon c’est le règne de l’impunité », a-t-il souligné, clamant que “rien ne serait pire qu’une autorité sans autorité“.

Laure de la Raudière s’est évidemment fendue d’une réponse au parlementaire avec qui elle échange régulièrement. « Je vous assure que nous avons toujours ce pouvoir. Et s’il le faut, nous n’hésiterons pas à nous en servir », assène-t-elle, tout en indiquant qu’à ses yeux, recourir à la sanction est “presque un échec” d’un point de vue de la régulation. “C’est parce que nous avons un dialogue permanent avec l’ensemble des acteurs, que nous les accompagnons pour les amener à résoudre les difficultés, que nous n’avons généralement pas besoin de les sanctionner” précise-t-elle, arguant que le dialogue assure un haut niveau d’engagement de la filière.

La présidente de l’Arcep a rappelé qu’un plan anti-malfaçons devait être mis en place à la fin de l’année et affirmé son implication pour “assurer la qualité de service” de la fibre.

Les techniciens vivement critiqués, Infranum tempère

Les critiques fusent et les améliorations mettent trop de temps à arriver au goût des premiers impactés. Dominique Vérots, maire dans l’Essonne, explique que le réseau fibre dans sa commune de 11 200 habitants est tellement délabré qu’il faut tout y refaire. S’il affirme respecter la profession, il enrage de ne voir “que des gougnafiers” opérer dans son secteur. « Je n’ai que des sous-traitants de sous-traitants, qui le lundi ont un certain métier, et le mercredi sont soi-disant techniciens fibre. Ce sont des gens qui ne ferment pas les armoires, des gens qui saccagent parce qu’ils ont envie de saccager. Tant qu’on continuera l’ubérisation de ces techniciens payés à la connexion, on n’y arrivera pas» s’emporte-t-il.

Le sujet de la sous-traitance à de multiples niveaux fait également grandement débat dans le cadre du déploiement de la fibre. Le président d’InfraNum Philippe Le Grand, représentant ainsi de nombreux industriels de la fibre n’entend pas laisser passer les formules de l’édile. « Vous êtes excédés, je le comprends. Votre commune fait partie des exceptions où il y a des réseaux à reprendre… Mais je ne souscris absolument pas à vos propos, qui sont inacceptables, sur la qualification des gens qui interviennent. Parmi les techniciens, il n’y a pas que des personnes qui se comportent mal. » défend-t-il. Il déplore également la “surmédiatisation” des problèmes sur les réseaux et affirme que le plan anti-malfaçons permettra de “faire le tri”, en écartant donc les techniciens indélicats.

Source : La Tribune

Cet article a été repris sur le site Univers FreeBox